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1678

694. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le lendemain du jour que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Bussy, ce 23e juin 1678[1].

Voici un coup fourré, Madame : je vous écris après avoir longtemps attendu une réponse de vous, et vous me la faites le même jour que je vous écris. Quoique je l’attendisse avec une fort grande impatience, je ne vous ai pas traitée si rudement que vous vous traitez vous-même : vous appelez folie de songer à moi sans m’écrire, et moi, je ne crois pas seulement que ce soit une petite faute. Il ne faut qu’un moment pour penser, et il faut du temps pour écrire.

Le Roi a raison de donner la paix : il devenoit insupportable à tout le monde ; personne ne pouvoit plus durer à lui. Il mettoit ses ennemis au désespoir par de

  1. Lettre 694. — 1. Cette lettre est datée du 17e dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale. Dans le manuscrit que nous suivons, les premiers mots de la lettre : « Voici un coup fourré, Madame, » ont été ajoutés après coup, de la main de Bussy. Trois lignes plus loin, il y a simplement, dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « avec impatience. » Le premier alinéa se termine par ces mots : « pour faire une lettre, » et le deuxième commence par ceux-ci : « Le Roi a eu raison… personne ne pouvoit durer à lui » (dans l’édition de 1818 on avait remplacé durer à lui, qui est dans nos deux manuscrits, par durer avec lui). À la ligne suivante, « et ses serviteurs » manque. Deux lignes plus loin, on lit : « plus de repos et plus d’abondance » (les mots et plus d’abondance ont été effacés) ; à la suite du second paragraphe : « Vous souhaiteriez, dites-vous, Madame, que pour achever sa gloire, le Roi voulût que tous les exilés en fussent les témoins. Cela ne veut pas dire qu’il nous rappelât, car nous serons témoins de sa gloire, quand nous serions au bout du monde, comme à la cour : ainsi il nous faut chercher une pensée plus juste pour la fin d’un madrigal : » voyez p. 451, la note 2 de la lettre précédente.