Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/513

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1678 Pour revenir à la bassette, c’est une chose qui ne se peut représenter : on y perd fort bien cent mille pistoles en un soir. Pour moi, je trouve que passé ce qui se peut jouer d’argent comptant, le reste est dans les idées, et se joue au racquit, comme font les petits enfants[1]. Le Roi paroît fâché de ces excès. Monsieur a mis toutes ses pierreries en gage[2].

Vous aurez appris que la paix d’Espagne est ratifiée ; je crois que celle d’Allemagne suivra bientôt[3].

La pauvre belle Madelonne est si pénétrée de ce grand froid, qu’elle m’a priée de vous faire ses excuses, et de vous assurer de ses véritables et sincères amitiés et à Mme  de Coligny. Sa poitrine, son encre, sa plume, ses pensées, tout est gelé ; elle vous assure que son cœur ne l’est pas ; je vous en dis autant du mien, mes chers enfants : quand je veux penser à quelque chose qui me plaise, je songe à vous deux. Je vis l’autre jour ma nièce de Sainte-Marie[4] ; au travers de cette sainteté, on voit bien qu’elle est votre fille.

    de Lope. Voyez l’Étude sur… Lope de Vega par M. Ernest Lafond, p. 67, note 1, et celle de lord Holland, tome I, page 85 et 86.

  1. 7. Le marquis de Trichateau écrivait à Bussy le 6 mars 1679 : « La nuit du lundi au mardi, Mme  de Montespan perdit quatre cent mille pistoles contre la banque, qu’elle regagna à la fin : sur les huit heures du matin étant quitte, Bouyn, qui tenoit la banque, voulut se retirer ; mais la dame lui déclara qu’elle vouloit encore s’acquitter d’autres cent mille pistoles qu’elle devoit de vieux, ce qu’elle fit avant que de se coucher. Monsieur fut au lever du Roi en sortant de chez Mme  de Montespan. Ainsi finit la bassette, qui a été abolie pour jamais. Le Roi fait payer trente mille pistoles, que Sa Majesté, Monsieur, et Mme  de Montespan devoient encore aux joueurs, qui jusques ici ont payé comptant ce qu’ils ont perdu, et n’avoient de ressource que les cent mille pistoles dont elle s’est acquittée. » (Correspondance de Bussy, tome IV, p. 320).
  2. 8. Voyez tome IV, p. 535, note 17.
  3. 9. Voyez sur les trois traités, la note 3 de la p. 451.
  4. 10. « Ma nièce la sainte. » (Manuscrit de la Bibliothèque impé-