Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/537

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1679 voudrait aussi ; mais elle a une raison austère, qui lui fait préférer son devoir à sa vie. Nous l’arrêtâmes l’année passée ; et parce qu’elle croit se porter mieux à présent[1], je crains qu’elle ne nous échappe celle-ci.

Je vis l’autre jour le bon P. Rapin ; je l’aime ; il me paroît un bon homme et un bon religieux ; il a fait un discours sur l’histoire et sur la manière de l’écrire[2], qui m’a paru admirable. Le P. Bouhours étoit avec lui ; l’esprit lui sort de tous côtés. Je fus bien aise de les voir tous deux. Nous fîmes commémoration de vous, comme d’une personne que l’absence ne fait point oublier. Tout ce que nous connoissons de courtisans nous parurent indignes de vous être comparés, et nous mîmes votre esprit dans le rang qu’il mérite. Il n’y a rien de quoi je parle avec plus de plaisir.

Avez-vous lu la Vie du grand Théodose, par l’abbé Fléchier ?[3] Je la trouve belle.

Vous savez toutes les nouvelles, mon cher cousin ; que vous dirai-je ? Le moyen de raisonner sur ce qui est arrivé, non plus que sur les difficultés de Brandebourg[4].

  1. 2. « À présent » manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, qui donne, à la troisième ligne du paragraphe suivant : « un discours sur la manière d’écrire l’histoire, qui m’a paru bon ; » à la ligne d’après : « Je fus aise… comme d’une personne qui ne s’oublie point ; » vers la fin de l’alinéa, dont, au lieu de de quoi. »
  2. 3 Il parut en 1677 un ouvrage du P, Rapin intitulé Instructions pour l’histoire. Des réflexions du même père sur l’éloquence, sur la poésie, sur l’histoire et sur la philosophie, avec des comparaisons de Virgile et d’Homère, etc., furent publiées à Paris en 1684, en deux volumes in-4o.
  3. 4. L’Histoire de Théodose le Grand fut écrite par Fléchier pour servir à l’instruction du Dauphin. La première édition est de 1679, in-4o.
  4. 5. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, on lit : « de l’empereur du Brandebourg, » sans virgule entre les deux mots. L’électeur de Brandebourg refusa d’abord d’accéder au traité de Nimègue. Le maréchal de Créquy le battit auprès de Minden, et l’électeur fit la paix le 29 juin.