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1679

727. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Dix mois après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 25e août 1679.

Le récit du procès de ma nièce m’a fait plaisir, et votre rabutinade m’a paru fort bien placée ; je prends une part sensible à tout ce qui la touche[1] et son cher père par conséquent ; mais à la pareille plaignez-moi d’avoir perdu le cardinal de Retz. Vous savez combien il étoit aimable et digne de l’estime de tous ceux qui le connoissoient. J’étois son amie depuis trente ans, et je n’avois jamais reçu que des marques tendres de son amitié. Elle m’étoit également honorable et délicieuse. Il étoit d’un commerce aisé plus que personne du monde. Huit jours de fièvre continue m’ont ôté cet illustre ami. J’en suis touchée jusqu’au fond du cœur.

J’ai ouï dire que le tonnerre est tombé tout auprès de vous. Mandez-moi par quel miracle vous avez été conservé, et si l’on continue encore à tourmenter ma pauvre nièce, et à lui disputer son joli enfant.

Admirez en passant le malheur de Corbinelli : M. Le cardinal de Retz l’aimait chèrement ; il avait commencé à lui verser une pension de deux mille francs[2] ; son étoile a fait mourir cette Éminence. Son procès est accommodé, après lui avoir coûté huit cents francs : il avoit bien affaire de cette dépense.

Notre bon abbé de Coulanges a pensé mourir. Le re-

  1. Lettre 727. — 1. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « à tout ce qui touche ma chère nièce. »
  2. 2. Voyez ci-dessus p. 506.