Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/147

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1679 et que vous préférerez toutes choses à vous, je crois que vous n’êtes point en état de soutenir cette conduite : ainsi je ne cesse de vous conjurer d’avoir pitié de vous et de nous ; car en vérité, c’est une peine bien insupportable, que la crainte de voir augmenter vos maux. Que votre amitié pour moi vous fasse entrer dans mes sentiments, et prendre plaisir à m’ôter, par la continuation de votre meilleure santé, le plus grand mal, la plus triste inquiétude que je puisse jamais avoir ! Il faut finir ce chapitre qui vous déplaît, mais sur quoi je vous conjure pourtant de faire quelque réflexion.

Vous en avez donc fait sur le pays de ces deux conseillers bourguignons : C’est le pays de ma mère ; il me semble que celui qui connoît M. de Berbisy l’emporte un peu. Mais Monsieur de Condom, qui vous aime et que j’honore, me revient aussitôt dans l’esprit, et je ne sais bonnement que vous dire : Fais ce que tu voudras. C’est ce que j’ai dit à mon fils sur tous les congés qu’il m’a demandés pour faire des visites en basse Bretagne ; j’ai toléré ce que je ne pouvois empêcher. Il y a un mois qu’il est chez Tonquedec ; je ne sais où lui écrire ; il ne veut point de mes lettres ; en ferlez-vous autant ? Il fait attendre M. d’Harouys à Nantes pour s’en revenir ensemble à Paris[1] : je les admire tous deux, l’un d’être si bon et si obligeant, et l’autre d’en abuser inhumainement. Je ne sais si l’objet aimé ou point aimé est avec lui ; tout cela se démêlera, je crois, avant la fin de l’année. Voilà une de ses lettres, il est à Nantes ; et après avoir bien fait attendre M. d’Harouys, il le laisse partir sans pouvoir le suivre, à cause des affaires qu’il faut qu’il fasse au

  1. 15. « Il fait enrager M. d’Harouys, qui l’attend à Nantes pour s’en revenir avec lui à Paris. » (Édition de 1754.)