Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 prie[1], si vous voulez à toute force prendre du café, d’y mettre du miel de Narbonne au lieu de sucre : cela console la poitrine, et c’est avec cette modification qu’on le laisse[2] prendre à M. de Schomberg, dont la santé est extrêmement mauvaise depuis six ou sept mois[3]. La mienne est parfaite ; je vous ai mandé comme je m’étois purgée à merveilles, et puis de cette eau de cerises[4]. Pour mes mains, je crois qu’elles sont guéries ; je n’y pense pas. Eh ! ma très-chère, ne pensez qu’à vous, ne perdez point de temps à faire ce qui doit vous soulager[5] ; vous connoissez trop l’amitié pour douter de ce que je souffre quand je pense à l’état où vous êtes, et cette pensée ne s’éloigne pas de moi.

Je suis de votre avis sur tous les choix dé la maison de Madame la Dauphine. Le maréchal d’Humières a mandé à Rouville qu’il étoit serviteur des dévots, depuis qu’il voyoit le maréchal de Bellefonds écuyer, Mme d’Effiat gouvernante[6], et Mme de Vibraye dame d’honneur. On dit que cette dernière est repoussée, parce qu’elle a fait trop de façons[7] et trop de propositions. On prétend que toute place où l’on est choisie, et où l’on est dans la

  1. 5. « Vous conseille. » (Édition de 1754.)
  2. 6. « Qu’on en laisse prendre. » (Ibidem.)
  3. 7. « Depuis six à sept mois. » (Ibidem.)
  4. 8. Ces derniers mots : « et puis, etc., » ne sont pas dans le texte de 1734.
  5. 9. « Eh ! ma chère enfant, ne songez qu’à vous, n’oubliez rien de tout ce qui doit vous soulager. » (Édition de 1754.)
  6. 10. La Rivière écrit à Bussy le 31 décembre 1679 : « Je me méfie de toutes les persévérances en matière de dévotion quand je vois finir celle de la marquise d’Effiat. On trouve assez de raisons de quitter le monde quand on l’a bien connu ; mais de se faire femme de cour après avoir été vingt ans femme d’Église, je crois que l’on déplaît fort à Dieu et je pense aussi que l’on ne plaît guère à la cour. »
  7. 11. « Parce qu’elle a trop fait de façons. » (Édition de 1754.)