Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/214

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1680 Mme la princesse de Conti est toujours charmante : elle se trouva si mal la nuit de ses noces à cause d’un dévoiement[1], qu’on a jeté son bonnet par-dessus les moulins, et l’on n’a vu goutte. Elle se porte bien, et l’on dit des merveilles de sa belle âme[2] et de la générosité de M. le prince de Conti : il jette l’argent héroïquement ; il a des bontés d’Henri IV, des procédés du chevalier Bayard, et des justices de Sylla[3] : on conte cinq ou six choses admirables. Mme de Bury a été reçue du Roi au delà de ce qu’on pensoit : il lui a recommandé la conduite de sa fille[4] ; il la nomme toujours ainsi, et l’aime chèrement. Il donne deux mille écus de pension à cette Bury, et des le jour même elle entra[5] dans le carrosse de la Reine : cette sauce rend cette place des meilleures ; ce qui viendra de l’hôtel de Conti seront des présents ; mais elle est au Roi. C’est à Mme de Langeron à voir si elle pourra rentrer dans ses droits du carrosse, qu’elle a perdus par l’hôtel de Condé[6]. Il est difficile de juger de l’effet des conduites ; Mme de Bury, à cinquante lieues


    prince de Bournonville et de Jeanne-Ernestine-Françoise d’Aremberg. Elle épousa en 1672 Philippe-Emmanuel-Ferdinand de Croy, comte de Solre, lieutenant général des armées du Roi. Voyez la lettre du 7 janvier 1689. — Cette phrase n’est pas dans l’édition de 1734.

  1. 14. « Si mal la nuit de ses noces d’un dévoiement. » (Édition de 1754.)
  2. 15. « De la belle âme. » (Ibidem.)
  3. 16. Il y a Sylla (Silla) dans notre manuscrit, dans les impressions de 1726 et dans les deux éditions de Perrin. Grouvelle a conjecturé qu’il fallait lire Sully. Ce qui suit, jusqu’à : « Monsieur de Saint-Brieux, » manque dans l’édition de Rouen {1726), qui, de même que celle de la Haye et notre ancienne copie, ne commence cette lettre qu’à ce troisième alinéa : « Mme la princesse de Conti. »
  4. 17. Les deux éditions de Perrin (1734 et 1754) répètent ici : « sa fille. »
  5. 18. « Qui dès le jour même entra, etc. » (Édition de 1764.)
  6. 19. Voyez plus haut, p. 171, note 14.