Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/226

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1680 titré, il y a peu de gens qui soient plus en état d’y prétendre que vous. Vous avez du temps, il faut écrire à Sa Majesté : ne datez point, et vous êtes bien assurée que ce paquet, étant entre mes mains, n’en sortira qu’après avoir été bien consulté par des gens à qui vous avez beaucoup de confiance, et qui en sont très-dignes. Digérez cette pensée. Je vous assure que voilà une sorte de malheur qui en efface bien d’autres.

La Tingry est chez elle, qui est ajournée[1] pour répondre devant les juges. Pour Mme la comtesse de Soissons, elle n’a pu envisager la prison ; on a bien voulu lui donner le temps de s’enfuir, si elle est coupable. Elle jouoit à la bassette mercredi[2]. M. de Bouillon entra ; elle lui dit qu’il ne devoit revenir que le lendemain, pourquoi il étoit revenu[3] ? Il la pria de passer dans son cabinet ; il lui dit qu’il falloit sortir de France, ou aller à la Bastille : elle ne balança point ; elle fit sortir du jeu la marquise d’Alluye[4] ; elles ne parurent plus. L’heure de

  1. 31. « Mme de T** est chez elle ; elle est ajournée… » (Édition de 1734.) — « Mme de Tingris est ajournée… » (Édition de 1754.)
  2. 32. Le décret de prise de corps, lancé contre la comtesse de Soissons, la marquise d’Alluye et la maréchale de la Ferté, est du (mardi) 23 janvier. La comtesse fut avertie le 24, et des huissiers se transportèrent le 25 aux Tuileries, où ils dressèrent procès-verbal de perquisition de sa personne. Voyez les pièces originales de l’affaire des poisons. (Note de l’édition de 1818.)
  3. 33. Cette seconde partie de la phrase : « elle lui dit, etc., » se lit seulement dans notre manuscrit.
  4. 34. Bénigne de Meaux du Fouilloux. Elle avait épousé en 1667 Paul d’Escoubleau, marquis d’Alluye et de Sourdis, gouverneur de l’Orléanais. Elle avait accompagné la comtesse de Soissons chez la Voisin. (Voyez la note 19 de la lettre du 31 janvier suivant, p. 230.) Elle mourut en 1720 (voyez le Journal de Dangeau aux 5 et 16 mars 1720), à Paris, où elle était revenue depuis longtemps déjà, car on trouve son nom et son adresse rue du Bac, au nombre des dames qui possédaient des cabinets de curiosités, dans le Livre commode de 1692. « D’Alluye, dit Saint-Simon (tome XVII, p. 472 et 473),