Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/238

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1680 cence des nommées, et l’horreur du scandale[1] ; peut-être que demain ce sera le contraire. Vous connoissez ces sortes de voix générales ; je vous en instruirai fidèlement ; on ne parie d’autre chose dans toutes les compagnies[2] ; en effet il n’y a guère d’exemples d’un pareil scandale dans une cour chrétienne. On dit que cette Voisin mettoit dans un four tous les petits enfants dont elle faisoit avorter, et M. de Coulanges[3], comme vous pouvez penser, ne manque pas de dire, en parlant de la Tingry[4], que c’était pour elle que le four chauffoit.

Je causai fort hier avec M. de la Rochefoucauld, sur un chapitre que nous avions déjà traité[5]. Rien ne vous presse pour écrire ; mais il vous conjure de croire que la chose du monde où il a le plus d’attention[6], seroit de pouvoir contribuer à vous faire changer de place, s’il arrivoit le moindre mouvement dans celles qui vous conviennent[7]. Je n’ai jamais vu un homme si obligeant ni plus aimable, dans l’envie qu’il a de dire des choses agréables[8].

Voici ce que j’apprends de bon lieu : Mme de Bouillon

  1. 24. « De la diffamation. » (Édition de 1754.)
  2. 25. « On ne parle ici d’autre chose. » (Ibidem.)
  3. 26. « Mme de Coulanges. » (Ibidem.)
  4. 27. L’historien du maréchal de Luxembourg dit positivement que l’on accusait ce duc d’avoir employé les maléfices pour obtenir les bonnes grâces de sa belle-sœur. ( Histoire de Montmorency, tome V, p. 66.) On voit aussi dans la Correspondance de Bussy, tome V, p. 45, que l’on accusait Mme de Tingry du crime d’infanticide. (Note de l’édition de 1818.)
  5. 28. Voyez la lettre du 26 janvier précédent, p. 219.
  6. 29. « Qui le toucheroit le plus. » (Édition de 1754.)
  7. 30. Dans le manuscrit : « de pouvoir vous faire contribuer à changer de place. » Après changer de place, l’impression de 1754 donne simplement : « si l’occasion s’en présentoit. »
  8. 31. Cette phrase est ainsi abrégée dans l’édition de 1754 : « Je n’ai jamais vu un homme si obligeant ni si aimable. »