Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/243

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tous les malheurs de son frère. Je lui dis que je lui faisois par avance tous vos compliments, que vous seriez fort touchée[1] de son malheur ; elle me dit mille douceurs pour vous. On pourroit faire présentement tout ce qu’on voudroit dans Paris, qu’on n’y penseroit pas : on a oublié Mme de Soubise, et l’agonie de cette pauvre Bertillac ; en vérité je ne sais comme cela va. Je veux pourtant penser à ma pauvre petite d’Adhémar ; la pauvre enfant, que je la plains d’être jalouse ! Ayez-en pitié, ma fille, j’en suis touchée.


1680

778. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 2e février.

de madame de sévigné.

Vous[2] m’avez trop écrit, ma très-chère ; vous vous laissez tenter à l’envie de causer, et vous abusez ainsi de votre délicate santé ; si j’étois aussi aisée à succomber à l’envie de vous entendre discourir dans vos lettres, ce seroit une belle chose : je m’amuserois au plaisir de vous entendre conter le combat du petit garçon, que vous réduisez en

  1. 43. « Je lui fis par avance tous vos compliments, l’assurant que vous seriez fort touchée, etc. » {Édition de 1754.)
  2. Lettre 778 (revue en grande partie sur une ancienne copie). — 1. Les deux premiers membres de phrase de cette lettre manquent dans l’édition de 1754, et ce qui suit y est tout différent du texte de 1734 : « Si je succombois aussi aisément à la tentation de vous entendre discourir dans vos lettres, que vous succombez à l’envie de causer, ce seroit une belle chose : je m’amuserois du combat du petit garçon, que vous réduisez en quatre lignes le plus plaisamment du monde ; vous dites que vous n’êtes pas forte sur la narration, et je vous dis, moi, qu’on ne peut mieux abréger un récit. »