Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 donnière Montchevreuil[1] à leurs trousses. On laissa la

    Bautru. Elle était sœur du marquis de Rambures, le dernier de sa maison, tué en juillet 1676 (voyez tome IV, p. 549, et note 21). Elle épousa, le 24 avril 1686, Sidoine-Apollinaire-Gaspard-Scipion, marquis de Polignac, celui qui voulut épouser Mlle d’Alerac (voyez la lettre du 1er mars 1684), et elle mourut en 1706. Mme de Caylus (tome LXVI, p. 424) dit de Mlle de Rambures qu’elle « avoit le style de la famille des Nogent, dont étoit Madame sa mère ; vive, hardie, et avec l’esprit qu’il faut pour plaire aux hommes sans être belle. Elle attaqua le Roi, et ne lui déplut pas, c’est-à-dire assez pour lui adresser la parole plutôt qu’à une autre. Elle en voulut ensuite à Monseigneur, et elle réussit dans ce dernier projet ; Madame la Dauphine s’en désespéra, mais elle ne devoit s’en prendre qu’à elle-même et à ses façons d’agir. » Saint-Simon (tome V, p. 197) parle d’elle en ces termes : « Mme de Polignac, seul reste de la maison de Rambures avec Mme de Caderousse sa sœur. Elle avoit été fille d’honneur de Madame la Dauphine, et depuis son mariage, chassée de la cour pour avoir été très-bien avec Monseigneur… Elle s’en consola à Paris, où, avec un mari qui eut toujours pour elle des égards jusqu’au ridicule, et pour qui elle n’en eut jamais le plus léger, elle mena une vie fort libre, et joua tant qu’elle put le plus gros jeu du monde. Elle eut à la fin permission de se montrer à la cour, où elle ne parut que très-rarement et des instants… C’étoit une créature d’esprit et de boutades, qui ne se mettoit en peine de rien que de se divertir, de ne se contraindre sur quoi que ce fût, et de suivre toutes ses fantaisies. Elle joua tant et si bien, qu’elle se ruina sans ressource, et que, ne pouvant plus vivre ni peut-être se montrer à Paris, elle s’en alla au Puy, dans les terres de son mari. La tristesse et l’ennui (quelques-uns l’ont accusée d’un peu d’aide) l’y firent bientôt tomber fort malade. » Ce fut en effet au Puy qu’elle mourut. Voyez encore une note de Saint-Simon au Journal de Dangeau, tome I, p. 428.

  1. 14. « Et la bonne Montchevreuil. » (Éditions de 1734 et de 1754.) — Nous avons parlé plus haut (p. 171, note 13) de la marquise de Montchevreuil, et cité ce que Mme de Caylus dit d’elle dans ses Souvenirs. Son père était Charles Boucher, seigneur d’Orçai conseiller au parlement ; sa mère s’appelait Marguerite de Bourlon ; son mari, le marquis de Montchevreuil, mourut le 2 juin 1706, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. « Montchevreuil, dit Saint-Simon (tome I, p. 37), étoit un fort honnête homme, modeste, brave, mais des plus épais. Sa femme… étoit une grande créature, maigre, jaune, qui rioit niais, et montrait de longues et vilaines dents, dévote à