Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/282

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1680 J’en fais mes compliments à M. de Grignan, à Monsieur le Coadjuteur et à vous[1].

Mon fils part demain : il a lu vos reproches. Peut-être que la beauté de la cour, qu’il veut quitter, et où il est si joliment placé, le fera changer d’avis. Nous avons déjà obtenu qu’il ne s’impatientera pas, et qu’il attendra paisiblement qu’on le vienne tenter par une plus grosse somme que celle qu’il a déboursée. Vous m’avez fait sentir la joie de MM. de Grignan par celle que j’ai de vous savoir mieux : dès que vos maux ne sont pas continuels, j’espère qu’en vous conservant, en prenant du lait, et en n’écrivant point, vous me ferez retrouver ma fille et son aimable visage. Je suis ravie de la sincérité de Montgobert ; si elle me disoit toujours des merveilles de votre santé, je ne la croirois jamais ; elle ménage fort bien tout cela, et ses vérités me font plaisir : tant il est naturel d’aimer à n’être point trompée ! Dieu vous conserve donc, ma très-chère, dans ce bienheureux état, puisqu’il nous donne de si bonnes espérances !

Mais parlons un peu des Grignans, il y a longtemps que nous n’en avons rien dit. Il n’est question que d’eux ; tout est plein de compliments dans cette maison ; à peine a-t-on fini l’un qu’on recommence l’autre. Je ne les ai point revus depuis que le chevalier est dame du palais[2], comme dit M. de la Rochefoucauld. Il vous mandera toutes les nouvelles mieux que je ne puis faire. On ne croit pas que Mme de Soubise soit du voyage : cela est un peu long.

Je ne vous parlerai que de Mme Voisin[3] : ce ne fut

  1. 5. Cette dernière phrase et les deux alinéas suivants se trouvent seulement dans l’édition de 1754.
  2. 6. Voyez la lettre précédente, p. 272.
  3. 7. Le texte de 1737 reprend ici : « Au reste, ce ne fut point mercredi, comme je vous l’avois mandé, que la Voisin fut brûlée. » Dans