Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/299

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rible dépense ; elle se repose assez souvent pour son argent, pendant que l’on danse, que l’on joue et que l’on veille. Pour moi, je suis venue ici passer solitairement les jours gras avec deux ou trois personnes. Je me suis parfaitement bien trouvée de cette fantaisie. Le Roi nous amènera bientôt une dauphine, dont on dit mille biens.

Adieu, Monsieur : hélas vous aviez bien mauvaise opinion de mon amitié : de me taire quand j’avois tant à dire ! Je suis affligée qu’on m’ait laissée si négligemment dans cette léthargie.

Madame, je me réjouis du fond de mon cœur de votre résurrection. Mais qu’avez-vous à mourir si souvent, et donner de si terribles craintes à ce pauvre homme et à tous vos amis ? Je n’aurois pas été des moins[1] effrayées si j’avois connu votre terrible état : n’y retombez plus, je vous prie, pour notre repos.


1680

788. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, mercredi des cendres[2].

Nous avons passé ici les jours gras, ma bonne, et le soleil qu’il fit samedi nous détermina à prendre ce parti[3] ;

  1. 4. C’est au mot moins que se termine l’autographe. Ce qui suit se trouvait sans doute sur un dernier feuillet aujourd’hui perdu, mais qui devait être encore à Époisse en 1814, date de l’édition de Klostermann, d’où nous tirons cette fin.
  2. Lettre 788 (revue en partie sur une ancienne copie). — 1. Les deux éditions de Perrin (1737 et 1754) ajoutent : 6e mars ; à la première ligne de la lettre, elles donnent : « les trois jours gras. »
  3. 2. « Nous y détermina. » (Édition de 1754.)