Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 Je suis troublée de votre santé et du voyage que vous faites. Vous n’irez pas en Barbarie, mais il y aura bien de la barbarie si cette fatigue vous fait du mal. Il est vrai que ces deux bouts de la terre[1] où nous sommes plantées, est une chose qui fait frémir, et surtout quand je serai près de notre Océan, pouvant aller aux Indes, comme vous en Afrique. Je vous assure que mon cœur ne regarde point cet éloignement avec tranquillité, comme vous disiez l’autre jour[2]. Si vous saviez le trouble que me donne le moindre retardement de vos lettres, vous jugeriez aisément ce que[3] je souffrirai dans mon chien de voyage. Je n’ai point vu nos Grignans[4] ; ils sont à Saint-Germain, le chevalier à son régiment[5].

On m’a voulu mener voir Madame la Dauphine : en vérité, je ne suis pas si pressée. M. de Coulanges l’a vue : le premier coup d’œil est à redouter, comme dit M. Sanguin[6] ; mais il y a tant d’esprit, de mérite, de bonté, de manières charmantes, qu’il faut l’admirer :


S’il faut honorer Cybèle,
Il faut encor plus l’aimer[7].

On ne conte que ses dits pleins d’esprit et de raison.

La faveur de Mine de Maintenon augmente tous les

  1. 20. « Il est vrai que de penser à ces deux bouts de la terre, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 21. Ces derniers mots : « comme vous disiez, etc., » manquent dans les deux éditions de Perrin. La phrase qui suit n’est pas dans le texte de 1737.
  3. 22. « Vous jugeriez bien aisément de ce que, etc. » (Édition de 1754.)
  4. 23. Dans les deux éditions de Perrin : « revu, » et dans sa première (1737) : « vos Grignans. »
  5. 24. « Est à son régiment. » (Édition de 1737.)
  6. 25. Voyez ci-dessus, p. 304.
  7. 26. Ce sont deux vers qui reviennent deux fois dans la viiie et dernière scène du Ier acte de l’opéra d’Atys.