Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 jours : ce sont des conversations infinies avec Sa Majesté, qui donne[1] à Madame la Dauphine le temps qu’il donnoit à Mme de Montespan ; jugez de l’effet que peut faire un tel retranchement. Le char gris[2] est d’une beauté étonnante ; elle vint l’autre jour au travers d’un bal, par le beau milieu de la salle, droit au Roi, et ne voyant[3] ni à droit, ni à gauche ; on lui dit qu’elle ne voyoit pas la Reine : il étoit vrai ; on lui donna une place ; et quoique cela fît un peu d’embarras, on dit que cette action d’une embevecida[4] fut extrêmement agréable : il y auroit mille bagatelles à conter sur tout cela. Mme de Soubise n’est point de retour de sa campagne : elle est chez M. de Luynes, à six lieues d’ici[5] ; cela est triste.

Votre frère l’est fort aussi à sa garnison[6] ; je pense que la rencontre de vos esprits animaux ne déterminera point les siens, quoique de même sang, à penser comme vous[7]. Votre période m’a paru très-belle ; je doute que j’y réponde ; mais il n’importe, vous voyez fort bien ce que je veux dire. Il me paroît que vous êtes si contente de la fortune de vos frères[8], que vous ne comptez plus sur la vôtre : vous vous retirez derrière le rideau ; je vous ai mandé comme cela me blesse le cœur, et me paroît

  1. 27. Dans notre manuscrit : « qui donnent. »
  2. 28. Mlle de Fontanges. — Dans l’édition de 1737, il y a : « le chat gris, » erreur évidente : voyez ci-dessus, p. 283.
  3. 29. « Et ne regardant. » (Édition de 1737.) — « Et sans regarder. » (Édition de 1754.)
  4. 30. Voyez la note 6 de la lettre du 19 janvier, p. 204.
  5. 31. Voyez plus haut, p. 162, la fin de la note 8. — Cette phrase ne se lit que dans notre manuscrit.
  6. 32. « Votre frère est fort triste à sa garnison. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  7. 33. « À le faire penser comme vous. » (Édition de 1737.) Immédiatement avant, notre manuscrit porte détermineront.
  8. 34. « Vous me paroissez si contente de la fortune de vos beaux-frères, » (Édition de 1754.)