Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/326

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1680 fends. J’aurois grand regret à la peine que vous prendriez de discourir sur des bagatelles dont je ne me souviens déjà plus. Je regrette de vous y avoir laissé répondre, même dans votre santé : cette effroyable quantité de volumes a contribué à vous emmaigrir ; ma chère enfant, je ne pense qu’à votre santé et à votre vie[1]. Je connois celle de Marseille ; Mlles  de Grignan ont dû trouver cette ville agréable : elle ne ressemble point aux autres villes ; et ce coup d’œil en approchant d’une certaine hauteur[2], n’en ont-elles pas été charmées ?

Vous me parlez d’un M. de Vivonne bien différent de l’autre[3]. N’admirez-vous point comme on change, et de quelle manière les choses entrent différemment dans la tête ? Il a donc été entêté[4] de vous faire les honneurs de sa mer ; je ne sais si l’autre humeur, moins bonne pour lui, n’eût pas été plus saine pour vous. Je voudrois bien que vous eussiez la même santé qu’en ce temps-là, ou lui la même folie. Vous aurez été sur la mer[5] ; je souhaite

  1. 3. « Je suis fâchée de vous y avoir laissé répondre, même dans votre santé : il n’est pas possible que cette effroyable quantité de volumes n’ait contribué à vous emmaigrir, et vous savez que je ne pense qu’à la conservation de votre santé et de votre vie. » (Édition de 1754.)
  2. 4. « Du côté de cette hauteur. » (Ibidem.) — C’est la Visto. Voyez tome III, p. i83 et la note 2.
  3. 5. Il avait été question, l’année d’auparavant, d’une brouillerie entre Mme  de Grignan et M. de Vivonne, général des galères. (Note de Perrin, 1754.)
  4. 6. « Empressé. » (Édition de 1754.)
  5. 7. « Vous promener sur la mer. » (Ibidem.) — « Il faut vous faire part, dit le Mercure d’avril 1680 (p. 254-261), d’une fête qui a été donnée depuis peu à Mme  la comtesse de Grignan, dont vous avez tant de fois entendu parler sous le nom de la belle Mlle  de Sévigny. Elle étoit allée à Marseille, et souhaitoit avec passion voir le château d’If. M. le duc de Vivonne, qui n’a pas moins de galanterie que de bravoure, ne l’eut pas sitôt appris qu’il fit équiper la Réale de tout ce qui étoit nécessaire pour rendre cette promenade plus