Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/340

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vous de rien, quand vous voyez que vous seul pensez une chose que tout le monde désapprouve ? » Il met l’opiniâtreté à la place d’une réponse, et nous en revenons toujours à ménager qu’au moins il ne fasse pas un marché extravagant.

Adieu[1] ma très-chère : j’ignore comment vous vous portez ; je crains votre voyage, je crains Salon, je crains Grignan ; je crains en un mot tout ce qui peut nuire à votre santé, et par cette raison, je vous conjure de m’écrire bien moins qu’à l’ordinaire.


1680

795. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 3e avril.

Voici[2] encore de la tristesse, ma chère fille : M. Foucquet est mort[3] ; j’en suis touchée : je n’ai jamais vu perdre tant d’amis ; j’ai de plus la crainte que me donne votre mauvaise santé et le retour de toutes vos incommodités ; car quoique vous veuilliez me le cacher, je

  1. 25. Notre manuscrit ne donne de ce paragraphe que le mot Adieu, et remplace le reste par un etc.,
  2. Lettre 79S. — 1. Dans le texte de 1764, la lettre commence ainsi : « Ma chère enfant, le pauvre M. Foucquet est mort, j’en suis touchée je n’ai jamais vu perdre tant d’amis ; cela donne de la tristesse de voir tant de morts autour de soi ; mais ce qui n’est pas autour de moi, et ce qui me perce le cœur, c’est la crainte que me donne le retour de toutes vos incommodités ; car quoique vous vouliez, etc. »
  3. 2. Le 23 mars, La Gazette (p. 168) annonce sa mort en ces termes sous la rubrique de Paris, le 6 avril : « On nous mande de Pignerol que le sieur Foucquet y est mort d’apoplexie. Il avoit été procureur général du parlement de Paris et surintendant des finances. »