Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/346

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1680 du meilleur fils qui fut jamais, et d’un fils qui a perdu son intime ami en perdant son père. J’ai fait vos compliments à Mme de la Fayette ; ce n’est plus la même personne ; je ne crois pas qu’elle puisse jamais ôter de son cœur le sentiment d’une telle perte ; je l’ai sentie et par moi et par elle, et beaucoup plus par rapport aux idées que j’avois [1] qu’il étoit un chemin qui pouvoit être bon pour vous : enfin cela est fini[2]. Voyez, je vous prie, la quantité de personnes considérables qui sont mortes depuis un an. Si j’étois du conseil de la famille de M. Foucquet, je me garderois bien de faire voyager son pauvre corps, comme on dit qu’ils vont faire : je le ferois enterrer là ; il seroit à Pignerol ; et après dix-neuf ans, ce ne seroit point de cette sorte que je voudrois le faire sortir de prison. Je crois que vous êtes de mon avis[3].

Je[4] serois du vôtre pour rompre le carême, si je n’étois persuadée avec du Chesne que l’usage que je fais de l’eau de cerises tous les matins m’a entièrement guérie de cette légère disposition que j’avois à la néphrétique. C’est un remède infaillible pour un mal aussi invétéré que le mien, et plût à Dieu que vous eussiez autant de soin de vous gouverner pour l’amour de moi, que j’ai eu d’attention à me guérir pour l’amour de vous !

Le chevalier est à son devoir ; il partit fort en peine

  1. 4. « Et par les idées que j’avois. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  2. 5. Ce petit membre de phrase ne se lit que dans notre manuscrit.
  3. 6. Voyez la lettre suivante, p. 345.
  4. 7. Cet alinéa ne se lit pas ailleurs que dans notre manuscrit, où le copiste, par une faute singulière, a écrit (voyez quatre et cinq lignes plus loin) frénétique, au lieu de néphrétique. — La première phrase de l’alinéa suivant n’est, au contraire, que dans les deux éditions de Perrin ; seulement celle de 1754, au lieu des mots : « en peine de vous, » donne : « en peine de votre santé. »