Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/374

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1680 des juges qui étoient d’avis de renvoyer Mme de Dreux sans être admonestée ; et c’est une chose terrible que le scandale qu’on a fait, sans pouvoir convaincre les accusés ; cela marque aussi l’intégrité des juges.

Le discours de votre prédicateur nous a paru admirable ; nous l’avons approuvé et envié. La Passion que nous entendîmes ici près fut étrange : les mots de faquin et de coquin furent employés pour exprimer l’humiliation de Notre-Seigneur ; cela ne donne-t-il pas de nobles et belles idées ? Le Bourdaloue prêcha, comme un ange du ciel, l’année passée, et celle-ci encore[1], car c’est le même sermon.

Ce que vous m’avez mandé de ce monde, qui paroîtroit un autre monde si l’on voyoit le dessous des cartes de toutes les maisons, me paroît une bien plaisante et bien véritable chose[2]. Eh, bon Dieu ! que savons-nous si le cœur de cette princesse[3], dont nous disons tant de bien, est parfaitement content ? Elle a paru triste trois ou quatre jours : que sait-on ? elle voudroit être grosse, elle ne l’est pas encore ; elle voudroit peut-être voir Paris et Saint-Cloud, elle n’y a point encore été[4] ; elle est complaisante et ne songe qu’à plaire : que sait-on si cela

    table, car on voit ici que le 1er mai M. de Luxembourg n’était pas encore en liberté, et, dans la lettre du 18 mai suivant, que Mme de Sévigné venait de recevoir à Nantes la nouvelle de son élargissement. Le duc fut envoyé dans ses terres ; il en fut rappelé au mois de juin 1681. Voyez la lettre du 24 juin 1681. (Note de l’édition de 1818.)

  1. 13. Bourdaloue prêcha la passion le vendredi saint au matin (19 avril 1680), en présence du Roi et de la Reine : voyez la Gazette, p. 192.
  2. 14. « Est quelque chose de bien plaisant et de bien véritable. » (Édition de 1754.)
  3. 15. La Dauphine.
  4. 16. Elle alla à Paris, pour la première fois, le 6 mai, et à Saint-Cloud le 9. Voyez la Gazette, p. 228, et la lettre du 6 mai, p. 381.