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1680

À Nantes, lundi 13emai[1].

En vérité, voici un beau journal ; j’abuse bien de votre amitié ; vous voyez que je n’en suis que trop persuadée : l’ennui de mes détails devroit vous faire dire, comme de vos processions qui vous attirent trop de pluie : basta la metà della cortesia[2]. Nous venons d’arriver en cette ville si bien située ; je ne puis jamais passer au pied d’une certaine tour[3], que je ne me souvienne de ce pauvre cardinal, et de sa funeste mort, encore plus funeste que vous ne le sauriez penser[4]. Je passe entièrement cet ar-

    Il s’est trouvé qu’un confesseur
    Suffisoit pour l’absoudre.
    Robin est content et cocu,
    La chose est claire et nette :
    S’il peut un jour être battu,
    Sa fortune est parfaite.

    (Note de l’édition de 1818.) — Voyez le Recueil de chansons choisies, tome II, p. 72.

  1. 13. Cette apostille et celle du 14 mai ne se trouvent que dans l’édition de 1754.
  2. 14. C’est moitié trop d’honnêteté. Voyez le commencement de la lettre du 3 mai précédent, p. 373.
  3. 15. La tour du château de Nantes, où M. le cardinal de Retz fut conduit de Vincennes, le 12 août (ou plutôt le 30 mars) 1654, et d’où il se sauva vers la fin du même mois (lisez le 8 août). (Note de Perrin.) — Voyez tome I, p. 388, note 1, et l’édition des Mémoires de Retz de M. Champollion-Figeac, tome IV, p. 201 et 211.
  4. 16. Quelques personnes ont pensé, d’après les expressions qu’emploie ici Mme  de Sévigné, que la mort du cardinal de Retz n’avait pas été naturelle ; mais cette opinion ne paraît pas fondée. Le Cardinal succomba à une fièvre continue de huit jours, et vraisemblablement à la fièvre pernicieuse, qui est mortelle si le quinquina n’est pas donné à temps. Il demanda le remède de l'Anglais ; les médecins s’y refusèrent, et ils le firent saigner plusieurs fois ; Talbot ne fut appelé que lorsqu’il était à l’agonie. D’ailleurs Mme  de Grignan était présente aux derniers moments du Cardinal, et Mme  de Sévigné ne peut lui apprendre aucun détail qui lui soit inconnu (voyez la lettre au comte de Guitaut, du 25 août 1679, tome V, p. 559-561). Il est plus probable que cette mort inopinée aura été funeste à la for-