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1680

814. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Nantes, lundi au soir 27e mai.

Je vous écris ce soir, ma fille, parce que, Dieu merci, je m’en vais demain dès le grand matin, et même je n’attendrai pas vos lettres pour y répondre : je laisse un homme qui me les apportera à la dînée[1], et je laisse ici cette lettre, qui partira le soir, afin qu’autant que je le puis, il n’y ait rien de déréglé dans notre commerce. J’écris aujourd’hui comme Arlequin, qui répond avant que d’avoir reçu la lettre[2].

Je fus hier au Buron, j’en revins le soir ; je pensai pleurer en voyant la dégradation de cette terre : il y avoit les plus vieux bois du monde ; mon fils, dans son dernier voyage, lui a donné[3] les derniers coups de cognée. Il a encore voulu vendre un petit bouquet qui faisoit une assez grande beauté ; tout cela est pitoyable :

    ce que nous croyons : 1o Anne, fille de Louis II de Wittelsbach (auteur des deux branches de Bavière), qu’avait épousée Henri l’Enfant (mort en 1308, le premier des landgraves de Hesse) ; 2o Anne-Élisabeth, fille de l’électeur palatin Frédéric III, qu’avait épousée au seizième siècle Philippe, arrière-grand-oncle de Mme de Tarente et l’un des fils de Philippe le Magnanime, landgrave de Hesse-Cassel. Les deux électeurs palatins, qui s’étaient alliés à des princesses de Hesse, étaient : 1o Louis V, électeur palatin en 1576, qui épousa en 1560 Élisabeth, arrière-grand’tante de Mme de Tarente et fille du landgrave Philippe le Magnanime ; 2o l’électeur palatin d’alors, Charles-Louis, qui épousa en 1650 Charlotte, la propre sœur puînée de Mme de Tarente (le père et la mère de Madame).

  1. Lettre 814 (revue en très-grande partie sur une ancienne copie). — 1. « …pour y faire réponse : je laisse un homme à cheval pour me les apporter à la dînée. » (Édition de 1754.)
  2. 2. Cette phrase ne se trouve que dans l’édition de 1754, et notre manuscrit ne donne pas tout ce premier alinéa.
  3. 3. « Y a fait donner. » (Édition de 1754.)