1680 je me serois assez bien accommodée de mon Agnès[1] ; du moins je lui aurais décrié son confesseur : il est pourtant moins dangereux que celui de Mme de Tallard[2]. Je n’aurois pas eu plus de peine à expliquer à cette belle le portrait que vous m’avez fait de vous, que j’en ai eu à y répondre. Ma chère enfant, vous avez du mérite, et de l’esprit, et de la raison pour en faire cinq ou six personnes ; c’est à vous d’employer cette étoffe ; il est toujours beau de l’avoir. Je suis trop heureuse que vous soyez convaincue de mon amitié parfaite ; vous lui faites bien de l’honneur d’observer ses allures naturelles ; mon cœur n’en sait pas davantage, et il en sait beaucoup ; je voudrois aussi[3] que vous m’entendissiez parler du vôtre, et de quelle manière je compte sur le fond et sur la solidité de votre tendresse[4] : que puis-je desirer de plus de la personne du monde que j’aime le mieux ? Vos lettres sont lues et relues avec des sentiments dignes de la mienne. Vous m’occupez toute la semaine : le lundi au matin je les reçois, je les lis, j’y fais réponse jusqu’au mercredi ; le jeudi j’attends le vendredi matin ; en voilà encore : cela me nourrit de la même sorte jusqu’au dimanche ; et ainsi les jours vont en attendant tout ce que ma tendresse me fait espérer, sans savoir précisément comme tout se démêlera.
- ↑ 32. Voyez les lettres des 20 et 25 mai précédents, p. 409-411, 413 et 414.
- ↑ 33. Mlle de la Tivolière. Voyez tome IV, p. 38S, note 4. — Le reste de la lettre manque dans le manuscrit.
- ↑ 34. « Vous faites bien de l’honneur à mon cœur d’observer, comme vous faites, ses allures naturelles ; je voudrois aussi, etc. » (Édition de 1754.)
- ↑ 35. « Et que vous sussiez de quelle manière je compte sur le fond et la solidité de votre tendresse, » (Ibidem.) — Le membre de phrase qui suit n’est que dans le texte de 1737, qui n’a pas la fin de l’alinéa à partir de : « Vos lettres, etc. »