Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/464

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1680 bonne ; et quand vos lettres sont longues, quoique je les aime chèrement, elles me font une peine incroyable par rapport à votre santé : la dernière passe les bornes du régime, et du soin que vous devez avoir de vous. Vous êtes trop bonne de me souhaiter du monde ; il ne m’en faut point : me voilà accoutumée à la solitude : j’ai des ouvriers qui m’amusent ; le bien Bon[1] a les siens tout séparés. Le goût qu’il a pour bâtir et pour ajuster va au delà de sa prudence : il est vrai qu’il nous en coûte peu[2], mais ce seroit encore moins, si l’on se tenoit en repos. C’est ce bois qui fait mes délices ; il est d’une beauté surprenante ; j’y suis souvent seule avec ma canne et avec Louison : il ne m’en faut pas davantage. Je suis assez souvent dans mon cabinet, en si bonne compagnie[3] que je dis en moi-même : « Ce petit endroit seroit digne de ma fille ; elle ne mettroit pas la main sur un livre qu’elle n’en fût contente. » On ne sait auquel entendre. J’ai pris les Conversations chrétiennes, qui sont[4] d’un bon cartésien, qui sait par cœur votre Recherche de la vérité[5], et qui parle de cette philosophie et du souverain pouvoir que Dieu a sur nous, et que[6] nous vivons, et que nous nous

    santé, » manque dans les deux éditions de Perrin, qui ensuite, au lieu des mots la dernière, donnent : « votre dernière lettre. »

  1. 7. « Le bon abbé. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  2. 8. « Qu’il en coûte peu. » (Édition de 1754.)
  3. 9. « Je suis quelquefois dans mon cabinet en si bonne compagnie. » (Édition de 1737.) — « Quand je suis dans mon cabinet, c’est en si bonne compagnie. » (Édition de 1754.)
  4. 10. « Elles sont. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  5. 11. Malebranche composa en 1677, à la prière du duc de Chevreuse, un ouvrage intitulé Conversations chrétiennes, dans lesquelles on justifie la vérité de la religion et de la morale de Jésus-Christ. Le premier volume de la Recherche de la vérité du même auteur avait paru en 1674.
  6. 12. « De sorte que nous vivons, nous nous mouvons, nous respirons (dans 1754 : et nous respirons) en lui. » (Éditions de 1737 et de 1754.)