Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/505

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1680 sans grimace, sa langue aussi belle après cette légère opération que devant[1]. J’en avois fort entendu parler ; mais de voir cela si familièrement[2] dans ma chambre, me donna un extrême étonnement. Cela prouve votre philosophie, ma bonne, et qu’assurément le feu n’est point chaud, et ne nous cause[3] le sentiment de chaleur que selon la disposition des parties ; mais comprenez-vous[4] qu’il y ait une sorte de liqueur dont on puisse se frotter avec assez de confiance pour faire fondre de la cire d’Espagne ou du plomb sur sa langue[5], avaler de l’huile bouillante, et marcher sur des barres de fer toutes rouges ? Que deviendront nos miracles et les épreuves d’innocence des siècles passés[6] ? Si vous voyez le visage de ce garçon, vous le reconnaîtrez ; il va courir les provinces.

    de 1737.) — « Il n’en étoit non plus ému que si c’eût été de l’eau. » (Édition de 1754.)

  1. 54. « …aussi belle après cette petite opération qu’auparavant. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  2. 55. « De voir cela de près et aussi familièrement. » (Édition de Rouen, 1726.)
  3. 56. « Ne vous cause. » (Édition de la Haye, 1726.) — Sur l’opinion de Descartes dont il est ici question, voyez tome V, p. 367, fin de la note 33, et le premier et le troisième des entretiens de Malebranche, intitulés Conversations chrétiennes, que lisait alors Mme  de Sévigné.
  4. 57. « Mais comprenez-vous bien. » (Édition de Rouen, 1726.) — Les deux éditions de Perrin ont supprimé le mais.
  5. 58. Les mots ou du plomb ont été supprimés par Perrin dans ses deux éditions, et celles de la Haye (1726) et de 1754 donnent la langue, au lieu de sa langue.
  6. 59. Dans les deux éditions de Perrin, il y a simplement : « Que deviendront nos miracles ? » Dans celle de Rouen (1726) : « Que deviendront les épreuves d’innocence des siècles passés ? Je crains même que nos miracles n’en souffrent auprès des mauvais esprits. Mais n’y a-t-il pas eu de tout temps de vrais miracles et des tours de passe-passe ? » — La phrase qui suit ne se lit que dans le texte de la Haye (1726).