Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/543

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1680 Je[1] me doutois quasi que votre pauvre meuble de damas périroit en chemin ; ce n’est pas votre étoile que les présents, ma bonne, ni grands ni petits ; j’ai souvent médité par combien de choses extraordinaires elle les éloigne de vous : c’est la Providence que cette étoile, il faut bien s’y soumettre[2].

Vous m’avez bien décriée auprès de Mlles de Grignan ; j’admire que l’aînée ait été assez généreuse pour m’écrire, sitôt après la connoissance d’une telle sottise : il est vrai, ma fille, qu’il n’y a rien d’égal, et que la première chose qui saisit mon imagination la mène si loin, que cela compose souvent une loge des Petites-Maisons ; et quand je reviens à moi, comme d’un sommeil, j’en suis plus étonnée que les autres. M. de Marsillac a été dire adieu à Mme de la Fayette ; ils se remirent à pleurer comme le premier jour : il n’y a rien de faux à ces deux personnes. L’homme se tourne à Dieu, et fait crier les petites-maîtresses[3] ; ce sont des chemins comme nous disions l’autre jour.

Adieu, mon enfant ; adieu, ma très-belle, car vous l’êtes, si vous vous portez aussi bien que vous dites. Vous voulez donc que je reçoive dans mon cœur cette espérance de vous retrouver avec un visage, avec de la force, sans douleur, sans chaleur, sans pesanteur ; quoi !

  1. 47. Cet alinéa ne se trouve que dans notre manuscrit. Les deux suivants manquent dans le texte de 1737, sauf la phrase : « Adieu, etc., » qui est rejetée à la fin de la lettre et conçue ainsi : « Adieu, mon enfant ; adieu, ma très-chère et très-aimable belle, car vous l’êtes, sans doute, si vous vous portez aussi bien que vous dites. » Quant à notre manuscrit, il s’arrête après le mot Adieu.
  2. 48. Voyez plus haut la lettre du 25 mai précédent, p. 420, et la note 49.
  3. 49. C’est le texte de 1754 ; notre manuscrit donne cette leçon singulière : « L’honneur se tourne à Dieu, et fait écrire les petites-maîtresses. »