1679 encore belle ; cette avenue et tout ce qui étoit désolé des chenilles, et qui a pris la liberté de repousser avec votre permission, est plus vert qu’au printemps dans les plus belles années ; les petites et les grandes palissades sont parées de ces belles nuances de l’automne dont les peintres font si bien leur profit ; les grands ormes sont un peu dépouillés, et l’on n’a point de regret à ces feuilles picotées : la campagne en gros est encore toute riante ; j’y passois mes journées seule avec des livres ; je ne m’y ennuyois[1] que comme je m’ennuierai partout, ne vous ayant plus. Je ne sais ce que je vais faire à Paris ; rien ne m’y attire, je n’y ai point de contenance ; mais le bon abbé[2] dit qu’il y a quelques affaires, et que tout est fini ici : allons donc. Il est vrai que cette année a passé assez vite ; mais je suis fort de votre avis pour le mois de septembre ; il m’a semblé qu’il a duré six mois tous des plus longs. Je vous manderai à Paris[3] des nouvelles de Mlle de Méri. Je n’eusse jamais pensé que cette Mme de Charmes[4] eût pu devenir sèche comme du bois : hélas ! quels changements ne fait point la mauvaise santé ! Je vous prie de faire de la vôtre le premier de vos devoirs ; après celui-là, ma fille, et M. de Grignan, auquel vous avez fait céder les autres avec raison, si vous voulez bien me donner ma place, je vous en ferai souvenir. Je suis bien heureuse[5] si je ne ressemble non plus à un devoir que M. de Grignan, et si vous pensez que c’est mon tour présentement à être un peu consultée[6]. Adieu, ma
- ↑ 10. « Je ne m’ennuyois. » (Édition de 1754.)
- ↑ 11. « Je n’y ai point de contenance, j’y vais avec chagrin ; le bon abbé, etc. » (Ibidem.)
- ↑ 12. « En arrivant à Paris. » (Ibidem.)
- ↑ 13. Voyez tome II, p. 332, note 1.
- ↑ 14. Je me trouve fort heureuse. (Édition de 1754.)
- ↑ 15. Ce dernier membre de phrase : « et si vous pensez, etc., »