Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/87

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1679 la maréchale de Clérembaut[1] n’a pas parlé depuis ce jour. On attend des nouvelles du mariage et de l’entrevue[2]. On dit que la princesse d’Harcourt et la maréchale reviendront aussitôt, et que Mme de Grancey ira jusqu’à Madrid[3]. J’ai dit à Brancas que vous lui faisiez des compliments sur son deuil, et non pas sur son affliction[4]. Il y a eu bien des gens noyés dans ce vaisseau du chevalier de Tourville, qui s’est sauvé à la nage[5] ; je crois qu’un de nos chevaliers de Sévigné s’est noyé[6]. Mon fils est en basse Bretagne ; je pense que son amour ne va pas si loin. Adieu, ma très-chère : plût à Dieu que votre santé fût comme la mienne ! Je vous conjure de ne m’écrire qu’un mot de votre état, et un autre de votre amitié : laissez-nous vous conter des fagots ; je sacrifie très-volontiers le plaisir de lire vos aimables lettres à celui de savoir que vous ne vous épuisez point pour les écrire.

    rembaut. Elle mourut le 31 juillet 1688. Voyez les Mémoires de Motteville, tome IV, p. 306. (Note de l’édition de 1818.)

  1. 7. Voyez tome III, p. 181 note 13, et sur la taciturnité de la maréchale, Saint-Simon, tome XIX, p. 427.
  2. 8. La cérémonie du mariage, ou, pour nous servir du terme consacré, de la seconde bénédiction, se fit incognito le 19 novembre, à Quintana Palla, petit village à trois lieues de Burgos, où la Reine était arrivée la veille de ce jour. Voyez la Gazette du 9 décembre
  3. 9. Le prince et la princesse d’Harcourt, la maréchale de Clérembaut et Mme de Grancey (voyez tome III, p. 10, note 19) partirent de Burgos pour retourner en France. Voyez la Gazette du 9 décembre. Mme de Grancey ne profita pas de la permission qui lui avait été donnée d’accompagner la Reine jusqu’à Madrid.
  4. 10. Il avait perdu au mois d’octobre son frère Louis-François, due de Brancas Villars, qui eut pour successeur de son duché son fils aîné Louis de Brancas. Voyez la Gazette du 14 octobre 1679.
  5. 11. Le Mercure galant (décembre, 1679, p. 53-75) contient un long récit du naufrage dont il est ici question, et qui eut lieu vers le milieu d’octobre. Tourville commandait le Sans-Pareil ; il gagna à la nage et à grand’peine un canot, et fut recueilli par le vaisseau l’Arc-en-ciel, qui l’amena à Belle-Île le 24 octobre.
  6. 12. Cette crainte était vaine voyez tome IV, p. 241, note 22.