Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/97

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1679 voit être mieux. Faites un peu de réflexion à toute la puissance de cette famille, et joignez les pays étrangers à tout le reste[1]8 ; et vous verrez que tout ce qui est de l’autre côté, où l’on se marie[2], ne vaut point cela. Ma pauvre enfant, voilà bien des détails et des circonstances ; mais il me semble qu’ils ne sont point désagréables dans ces sortes d’occasions : il me semble que vous voulez toujours qu’on vous parle ; je n’ai que trop parlé. Quand votre courrier viendra, je n’ai plus à le présenter ; c’est encore un de mes chagrins de vous être désormais entièrement inutile : il est vrai que je l’étois déjà par Mme de Vins ; mais on se rallioit ensemble. Enfin, ma fille, voilà qui est fait, voilà le monde. M. de Pompone est plus capable que personne de soutenir ce malheur avec courage, avec résignation et beaucoup de christianisme[3]. Quand d’ailleurs on a usé comme lui de la fortune, on ne manque point d’être plaint dans l’adversité.

Encore faut-il, ma très-chère, que je vous dise un petit mot de votre petite lettre : elle m’a donné une sensible consolation, en voyant la santé[4] du petit très-confirmée, et la vôtre, ma chère enfant, dont vous me dites des merveilles ; vous m’assurez que je serois bien contente si je vous voyois ; vous avez raison de le croire. Quel spectacle charmant de vous voir appliquée à votre santé, à vous reposer, à vous restaurer ! c’est un plaisir

  1. 18. « Et tout le reste. » (Édition de 1734.)
  2. 19. Du côté de Louvois. Voyez la lettre suivante.
  3. 20. Voyez la lettre du 6 décembre suivant, au comte de Guitaut. — La phrase qui suit se trouve seulement dans le texte de 1754.
  4. 21. Dans l’édition de 1734 : « … une sensible consolation : j’ai vu la santé, etc. » Dans celle de 1754 : « … une sensible consolation : vous m’apprenez que la santé du petit est bien rétablie, et vous me dites que je serois bien contente de la vôtre si je vous voyois ; ah ! ma fille, n’en doutez point. Quel spectacle, etc. »