Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/107

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vous serez contents : ce Morant est le propre neveu de Mme de Leuville, l’amie de M. de Grignan.

Je vous trouve fort heureuse d’être avec Monsieur l’Archevêque[1], et d’avoir souvent de bonnes conversations avec lui : vous faites des réflexions bien solides ; j’en fais un peu aussi de mon côté ; et le moyen de ne pas méditer sur ce qu’on voit tous les jours ? Assurez bien ce bon patriarche de mes respects pleins de tendresse.


1680

860. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 9e octobre 1680.

Que je vous plains de vous livrer aussi cruellement que vous faites à vos inquiétudes ! vous n’avez pas, en vérité, assez de force pour les soutenir. Vous vous échauffez le sang, vous vous creusez les yeux et l’esprit, vous croyez et craignez tout ce qu’il y a de pis. Hélas ! ma chère enfant, vous aurez vu le lendemain que vos pauvres frères ne sont plus malades : ils ont pris du remède anglois comme les autres, et comme les autres ils ont été guéris. Il n’y a que vous à plaindre, par la sensibilité de votre cœur et par la vivacité de votre imagination : j’ai senti et prévu toutes vos peines. Le chevalier doit être parti présentement, et vous devez avoir retrouvé votre repos et votre santé. J’admire la belle précaution qu’on prend de vous cacher le véritable état d’une maladie, pour vous le laisser apprendre par une lettre qui ne s’adressoit pas à vous, et qui

  1. 7. L’archevêque d’Arles.