Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/213

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1683 mais son mari arriva, et je ne sais plus ce qu’elle est devenue. Je vous dirai donc seulement, en traitant pour elle et pour moi par indivis, que nous étions d’accord de recevoir vos amitiés et de vous en renvoyer d’autres encore plus fortes, vous suppliant pourtant de ne nous point mettre à l’épreuve comme l’année passée ; car vous nous fîtes souffrir ; et si vos douleurs avoient été soulagées en les partageant, vous auriez été considérablement soulagé de notre part. Nous fûmes aussi fort touchées de cette envie que vous eûtes, si tendre et si naturelle, de ne vouloir pas mourir sans nous le dire. Nous avouons notre naïveté : nous ne sommes pas assez dévotes pour y avoir entendu tant de finesse que les autres. Ces esprits si détachés des choses de la terre sont aisés à scandaliser ; il nous paroissoit, au contraire, que de ne vouloir pas mourir sans nous voir, étoit une véritable marque de pouvoir nous voir sans mourir. Enfin, mon cher Monsieur, pour éviter de tels inconvénients, portez-vous bien, et vos billets ne seront plus équivoques.

Vos eaux de Sainte-Reine[1] nous font beaucoup de bien ; celle qui les prend et qui les rend vous en a remercié ; mais comme j’y prends pour le moins autant d’intérêt qu’elle, je veux encore vous dire que j’admire vos soins et ceux de Madame votre femme. Ma fille en prend peu, et peu de jours de suite ; elle se repose, et puis elle reprend. Cette conduite est bonne, et fait que nous n’abusons pas si souvent de vous. Au reste, ne soyez point jaloux : ce mariage de Mlle  de Grignan n’est point

    placée en 1677 dans de précédentes éditions, et les autres lettres au comte de Guitaut qui la suivent étaient données à des dates plus ou moins éloignées de celles que nous leur avons assignées soit d’après les autographes mêmes, soit d’après les faits mentionnés dans chacune.

  1. 2. Voyez tome V, p. 476, note 4, et p. 533, note 1.