Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/240

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Suscription : Semur en Auxois. À Monsieur, Monsieur le comte de Guitauld, chevalier des ordres du Roi, à Époisse. À Semur.


* 914. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.

À Paris, mardi 11e mai.

Vous m’effrayez en me parlant encore de votre sang répandu : où avez-vous pris cette abondance, mon pauvre Monsieur, après avoir passé par les mains de Passerat ? Votre médecin a grand’raison de vous défendre toute application ; il faut être spensierato[1], comme disent les Italiens : deux et deux font quatre, voilà tout au plus ce que vous devez conclure. Nous allons un peu plus loin, M. Trouvé et moi, car j’aime tout à fait à raisonner avec lui ; mais je ne sais plus où le prendre : il a quitté Saint-Jacques par discrétion, ne voulant pas abuser de la bonté extrême du plus pauvre curé de Paris ; un autre l’a pris[2] : je l’attends pour m’expliquer ce que la Providence veut encore faire de lui. Elle a déterminé Mme de Lesdiguières à prendre une livrée magnifique et modeste ; c’est un fond isabelle, car elle a envoyé promener le rouge, et sur ce fond, qui représente un peu Mme de Longueville, elle a mis un large velouté noir de quatre doigts, en onde, avec tous les boutons d’orfévrerie[3] : cela compose une singularité fort éloignée de l’économie qu’elle pratique en d’autres endroits ; car

  1. Lettre 914 (revue sur l’autographe). — 1. Voyez tome IV, p. 79, note 24.
  2. 2. Le curé de Saint-André des Arcs.
  3. 3. Dans l’autographe : orfeurie (orfévrie).