Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/247

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tez trop pour me sauver sur le duplicata. Il vous dira donc ce que je lui mande ; et moi, je vous dirai, à vous seule, que les soins que vous m’avez rendus pendant ma maladie m’ont tellement réchauffé pour vous, qu’il n’y a que l’amour plus fort que ce que je sens[1] ; mais ce que je sens sera assurément plus durable que l’amour, car j’aurai pour vous, toute ma vie, la plus tendre amitié qu’on aura jamais.


918. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Quinze jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus cette réponse de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 23e octobre 1683.

de madame de sévigné.

Que vous êtes heureux, mon pauvre cousin, d’être dans vos châteaux, et de reposer votre corps aussi bien que votre esprit, qui ont été si agités dans votre dernier voyage !

J’ai été plus sensible à tous vos maux que je ne vous l’ai dit ; et pour les soins de votre maladie, je suis trop heureuse que vous en soyez content ; car pour moi je ne la suis pas, et j’aurois voulu vous marquer encore plus souvent combien je suis affligée[2]de cette augmentation

  1. Lettre 917 — 1. Voyez, au tome I, les premières lignes de la page 515. — Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « …ce que je sens pour vous (ces deux derniers mots ont été biffés de la main de Bussy) ; mais assurément il sera plus durable, car j’aurai pour vous, toute ma vie, la plus tendre amitié qu’on puisse avoir. »
  2. Lettre 918. — 1. « Car pour moi je ne l’étois pas, et j’eusse voulu vous marquer encore plus souvent combien j’étois affligée, etc. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)