Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/262

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1683 que-je partisse pour aller à Vannes, afin de la disposer à cette rupture qu’il méditoit si la procuration[1] eût encore tardé, qu’il étoit tout à fait surpris de la difficulté qu’on faisoit sur l’article de Bourbilly ; qu’en faveur de la naissance et du mérite de M. de Sévigné (ce sont ses propres termes) il vouloit bien estimer ses terres le denier trente, comme il étoit porté par le grand du bien[2] ; et que cependant, quand on venoit au fait et au prendre, on n’estimoit ce qui devoit revenir à ma sœur que le denier quinze. Mme  de Coislin[3] lui avoit demandé dix mille écus de retour, et voilà sur quoi étoient fondés ces discours de prédilection, dont vous avez été choquée avec raison, mais qui n’étoient point hors de propos dans la bouche d’un étranger qui ne sait pas le détail de votre conduite, qui n’a nul égard à la différence de l’année 69[4] à l’année 83, et qui regarde simplement les choses comme elles sont dans le temps présent. Faites juges qui il vous plaira de ce raisonnement ; et s’il se trouve quelqu’un qui

  1. 7. Sans doute la procuration de Mme  de Grignan pour signer au contrat de mariage de son frère.
  2. 8. On appelait grand, d’après le Complément du Dictionnaire de l’Académie, une masse de biens à partager ; il semble qu’ici il faut entendre ce mot d’un état estimatif de biens partagés, ou d’un acte de partage. — Voyez la lettre du 18 mai 1686.
  3. 9. Madeleine du Halgoët, fille unique et héritière de Philippe, seigneur de Kargrest et de la Rocherousse, maître des requêtes, et de Louise de la Bistrade. Elle mourut le 9 septembre 1705. Sur son mari, qui mourut le 16 septembre 1702, à l’âge de soixante-sept ans, voyez tome II, p. 481, note 8. — Saint-Simon (tome V, p. 21 et 22) dit en annonçant la mort de Mme  de Coislin : « Bientôt après mourut la duchesse de Coislin, pauvre et retirée à la campagne depuis la mort de son mari, sans avoir plus vu personne. Elle étoit riche héritière de Bretagne et s’appeloit du Halgoët. Elle étoit médiocrement âgée, femme de mérite et de vertu, et mère de la duchesse de Sully, du duc de Coislin et de l’évêque de Metz. »
  4. 10. Année du mariage de Mme  de Grignan.