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de madame de sévigné.

Ma fille a fort bien dit, mais elle a oublié de vous dire que M. d’Argouges lui a dit en ma présence qu’elle vous dît de sa part de lui donner du temps ; songez donc que c’est M. d’Argouges qui vous en prie, mais n’y songez qu’en cas que la considération de cette comtesse de Grignan eût besoin de ce secours. Je vous avoue que j’ai eu envie de rire, quand j’ai vu que ce commissaire où il nous renvoyoit étoit ce cher ami que nous aimons et que nous estimons si parfaitement.

Mme la duchesse d’Arpajon[1] est nommée dame d’honneur. C’est Mme de Maintenon qui a rempli cette place, qu’elle avoit refusée[2]. Le Roi a dit que Mme de Rochefort étoit trop jeune, et a dit à Madame la Dauphine que Mme d’Arpajon avoit eu une parfaite beauté, une parfaite réputation, qu’elle étoit douce, complaisante, sûre, qu’il ne connoissoit pas par lui-même toutes ces bonnes qualités, mais par quelqu’un à qui il se fioit autant qu’à lui-même. La voilà donc transportée de joie, au-dessus du vent et de tous les procès de M. d’Ambres[3], en état de bien marier sa fille. C’est ainsi que la Providence a rangé

    n’être pas de la main de Mme de Grignan, qui, deux lignes plus bas, avait d’abord écrit juge, au lieu de commissaire.

  1. 5. Voyez tome II, p. 52, note 2.
  2. 6. Voyez les Souvenirs de Mme de Caylus, tome LXVI, p. 418 et 419.
  3. 7. Voyez tome II, p. 104, note 4. — Un passage du Journal de Dangeau (18 novembre 1692), où il annonce la mort de la marquise d’Ambres, nous fait savoir quelle était l’origine de ces procès : « Elle avoit été fille d’honneur de la Reine mère, et se nommoit Mlle de Bonneuil (Charlotte de Vernou de la Rivière Bonneuil) ; elle avoit épousé en premières noces le marquis d’Arpajon, fils du premier lit du duc d’Arpajon, et cela lui avoit donné de grands procès avec Mme la comtesse de Roucy, fille du second lit du duc d’Arpajon. Saint-Simon, dans une note ajoutée, dit de la marquise d’Ambres : « Femme de beaucoup d’esprit et de dangereuses intrigues, qui avoit eu de la beauté. »