Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/329

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1684 bonne mère est si furieuse[1], qu’on ne sauroit s’imaginer qu’elle ne soit pas toujours à la fleur de son âge. Mme la princesse de Tarente la recevra à Vitré. Pour Mme de Marbeuf, elle est de ses anciennes connoissances ; elle a été des hivers entiers à souper et jouer à l’hôtel de Soissons ; vous pouvez penser comme cela se renouvellera à Rennes. J’ai conté à mon fils ce combat du chevalier de Soissons[2] ; nous ne pensions pas que les yeux d’une grand’mère[3] pussent faire encore de tels ravages. Je ne songe point à vous parler de la levée du siège de Bude[4] ; cette petite nouvelle dans l’Europe et dans le christianisme ne vaut pas la peine d’en parler. Je crois que Madame la Dauphine prendra le soin d’en être fâchée ; son frère[5] s’est tellement exposé, et a si bien fait à ce siège, qu’il est douloureux qu’un tel électeur soit contraint de s’en retourner.

  1. 9. Voyez la lettre du 23 décembre 1682, plus haut, p. 199.
  2. 10. Un Suédois, le baron de Bannier, fils du général de ce nom qui s’illustra sous Gustave-Adolphe, s’était épris de la duchesse de Mazarin et n’en était pas maltraité. Le chevalier de Soissons, venu en Angleterre, devint aussi amoureux de sa tante, provoqua le baron de Bannier, et le tua en duel.
  3. 11. Des trois filles de Mme de Mazarin, deux étaient déjà mariées : la cadette, la marquise de Bellefonds, depuis le mois de septembre 1681 ; et l’aînée, la marquise de Richelieu, depuis la fin de 1682. Son fils se maria l’année suivante (1685).
  4. 12. Le siège de Bude fut levé le 1er novembre 1684. Il durait depuis le 14 juillet précédent. L’armée impériale était ruinée par les maladies et la disette. On fut même obligé d’enterrer des pièces de canon sans affût que l’on ne put pas emporter. (Note de l’édition de 1818.) — Bude, assiégé de nouveau en 1686, fut pris le 2 septembre.
  5. 13. Maximilien II Emmanuel, né le 10 juillet 1662, électeur de Bavière depuis le 27 mai 1679, déposé en 1706, rétabli par la paix de Bade en 1714, mort à Munich le 26 février 1726. Il avait épousé en premières noces, le 15 juillet 1685, Marie-Anne, archiduchesse d’Autriche, morte le 24 décembre 1692, et en secondes noces, le 15 août 1694, Thérèse-Cunégonde Sobieski, fille du roi de Pologne, qui mourut le 11 mars 1730, à l’âge de cinquante-quatre ans.