Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/366

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1685 de vapeur, à tous moments, des maux de tête enragés, que je leur ai conseillé de s’approcher des capucins ; ils viendront peut-être de Vannes, où ils sont, ou bien ils écriront. Ce sont eux qui ont mis le feu[1] à la maison par leurs remèdes violents ; mon fils achève avec l’essence de Jacob deux ou trois fois le jour ; il faut que tout cela fasse un grand effet : il vaut mieux être dans une ville qu’en plaine[2] campagne. Je suis donc ici très-seule ; j’ai pourtant pris, pour voir une créature, cette petite jolie femme dont M. de Grignan fut amoureux tout un soir. Elle lit quand je travaille, elle se promène avec moi ; car vous saurez, ma bonne, et vous devez me croire, que Dieu, qui mêle toujours les maux et les biens, a consolé ma solitude d’une très-véritable guérison[3]. Si on pouvoit mettre le mot d’aimable avec celui d’emplâtre[4], je dirois que celui que vous m’avez envoyé mérite cet assemblage ; il attire ce qui reste, et guérit en même temps ; ma plaie disparoît tous les jours : Monpezat, pezat, zat, at, t, voilà ma plaie[5]. Il me semble que ce dernier que vous m’avez en-

  1. 3. « Mon fils et sa femme sont à Rennes, où ils ont quelques affaires. Je trouve cette petite femme si malade, si accablée de vapeurs avec des fièvres et des frissons, et des maux de tête enragés, que je leur ai conseillé de s’approcher des capucins ; c’est eux qui ont mis le feu, etc. (Édition de 1754.)
  2. 4. Telle est l’orthographe du mot dans l’original. Perrin (1754) donne ainsi la phrase suivante : « Je suis donc ici très-seule, et pour voir au moins une créature, j’ai pris cette jolie petite femme dont M. de Grignan fut amoureux toute une soirée. »
  3. 5. « Elle se promène avec moi ; et comme Dieu mêle toujours les maux et les biens, il a consolé ma solitude d’une très-véritable guérison. » (Édition de 1754.) — Tout ce qui suit, jusqu’à : « on veut que je marche » (p. 361, ligne 5), manque dans cette édition.
  4. 6. Ce mot a été biffé, et au-dessus on lit onguent, écrit d’une autre main.
  5. 7. Cette fin de phrase a été supprimée dans les éditions antérieures : le retranchement successif des syllabes du mot Monpezat