Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/373

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1685 vous auriez à me quitter, si j’étois à Paris ; j’en suis persuadée, ma très-aimable[1] bonne mais cela n’étant point, à mon grand regret, profitez des raisons qui vous font aller à la cour ; vous y faites fort bien votre personnage : il semble que tout se dispose à faire réussir ce que vous souhaitez[2]. Les souhaits que j’en fais de loin ne sont pas moins sincères ni moins ardents que si j’étois auprès de vous. Hélas ! ma bonne, j’y suis toujours, et je sens, mais moins délicatement, ce que vous me disiez un jour, dont je me moquois : c’est qu’effectivement vous êtes d’une telle sorte dans mon cœur et mon imagination, que je vous vois et vous suis toujours ; mais j’honore infiniment davantage, ma bonne, un peu de réalité[3].

Vous me parlez de votre Lanchevin[4] : m. u. r. mûr, voilà comme je l’ai vu ; est-ce assez pour mon fils ? vous vous en plaigniez souvent ; il est peut-être devenu bon ; parlez-en à Beaulieu, et qu’il en écrive à mon fils ; j’en rendrai de bons témoignages. Celui qu’il avoit étoit bon et s’est gâté ; il ne gagneroit que ses gages, quarante ou cinquante écus, point de vin ni de graisse, ni de levùre

  1. 22. « Ma très-aimable. » (Édition de 1754.)
  2. 23. « Ce que vous desirez. » (ibidem.)
  3. 24. « …que je vous vois toujours ; mais j’honore infiniment davantage un peu de réalité. » Tout ce qui suit, jusqu’à : « Je veux vous dire ceci, » moins la phrase dont le déplacement a été indiqué plus haut (note 15), manque dans le texte de 1754.
  4. 25. C’est le nom d’un cuisinier dont Mme  de Grignan voulait se défaire, et qu’elle offrait sans doute de céder à son frère. — L’édition de 1818 et les suivantes avaient remplacé ce nom par celui de Larmechin (voyez p. 369). — Ce qui suit le mot Lanchevin, jusqu’à est-ce assez, qu’on avait changé en c’est assez, est imprimé ici pour la première fois. Mme  de Sévigné veut dire probablement que Lanchevin est vieux, mûr, et avant d’écrire ce mot, elle l’épèle : emme-u-erre = mûr.