Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/418

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l’esprit d’urine, pour n’avoir pas dormi une nuit ; on a des dispositions qui empêchent quelquefois de dormir, sans l’esprit d’urine, et sans qu’on sache pourquoi. J’admire que vous vous portiez si bien ; Dieu vous conserve et veuille bénir tous nos desseins et tous nos projets ! Le bon abbé est fàché que Madame de Chelles[1] dégrade partout notre forêt, dans un temps que vous l’honorez de votre présence. Faites bien toutes mes amitiés aux habitants de Livry ; il est vrai que vous êtes le centre de bien des cœurs et de bien des pays, qui sont liés par vous : vous devez être bien aimée, quand vous aimez, et même quand vous n’aimeriez pas. N’ai-je pas raison d’avoir toujours souhaité de jouir d’un bien dont le fonds étoit dans votre cœur ? Le mien est à vous, il y a longtemps : vous en avez fait et en ferez toujours la véritable tendresse.


1685

967. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 1er juillet.

Si la fantaisie me prenoit de dire que je partirai le mois qui vient, je ne vois rien qui pût m’en empêcher ; je soutiens que les trois ou quatre jours que l’on traîne d’ordinaire après le jour nommé, font justement mon compte. Voilà donc, ma très-aimable, où nous en sommes venus à force d’aller, à force de desirer, à force de passer des jours les uns après les autres, tels qu’il a plu à Dieu de les donner. Je veux, à votre exemple, m’abandonner à la douceur d’espérer de vous voir et de vous embrasser le mois qui vient ; je veux croire que Dieu

  1. Lettre 966. — 1. L’abbesse de Chelles : voyez tome VI, p. 347, note 1.