Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/455

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vous m’avez fait grâce, et que par un effet de votre amitié, je tiens une si jolie place parmi les gens que vous immortalisez. C’est cela, Monsieur, qui s’appelle une obligation : aussi en serez-vous remercié par ma mère. C’est tout ce que j’ai de meilleur à mettre en œuvre pour vous marquer à quel point j’y suis sensible.


975. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET D’EMMANUEL DE COULANGES À MADAME DE GRIGNAN.[1]

[Aux Rochers, ] dimanche, 12e août.

de madame de sévigné.

Ma bonne, vous m’avez fait suer les grosses gouttes en jetant ces pistoles qui étoient sur le bout de cette table[2]. Mon Dieu ! que j’ai parfaitement compris votre embarras, et ce que vous deveniez en voyant de telles gens ramasser ce que vous jetiez[3] ! Il m’a paru dans Monsieur le Duc un chagrin plein de bonté, dans ce qu’il vous disoit de ne pas tout renverser : il me semble que[4] l’intérêt qu’on auroit pris en vous, auroit fait dire comme lui ; c’eût été son tour[5] à ramasser, si vous eussiez con-

  1. Lettre 975 (revue en grande partie sur l’autographe). — 1. Cette lettre avait été revue en entier sur l’autographe pour l’édition de 1818 ; une nouvelle collation, qui n’a pu être que partielle, a fourni plusieurs rectifications.
  2. 2. Au jeu du Roi à Marly. (Note de Perrin.) — Dans son édition de 1754, Perrin donne ainsi cette première phrase : « Vous m’avez fait suer les grosses gouttes par votre récit de cet or qui étoit sur le bout de la table. »
  3. 3. « …votre embarras en voyant de telles gens ramasser ce qui vous étoit échappé ! » (Édition de 1754.)
  4. 4. Les mots « il me semble que » manquent dans le texte de 1754.
  5. 5. « C’eût été enfin son tour. » (Édition de 1754)