Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/498

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1686 Il en faut croire Molière. L’endroit le plus sensible étoit de jouir du nom de Bavière, d’être cousin de

    Furstenberg. Elle survécut à son mari, qui mourut le 9 septembre 1720. — « À six heures, dit Dangeau (samedi 30 mars 1686, à Versailles), mes fiançailles se firent chez Madame la Dauphine, où le Roi vint. Ce fut M. l’abbé Fléchier, nommé évêque de Lavaur, qui en fit la cérémonie. Il y eut le soir appartement, et Madame la Dauphine se fit chanter l’opéra d’Armide par les acteurs de Paris. À minuit nous allâmes à la chapelle, où j’épousai la comtesse Sophie de Lœwenstein. » Saint-Simon ajoute à cette mention la note suivante : « La comtesse de Lœwenstein, qui épousa l’auteur de ces mémoires, étoit fille chanoinesse de Thorn, près Nimègue, dont sa tante étoit abbesse, dont les prébendes sont pareilles en preuves que celles de Cologne, mais peu riches. Elle étoit fille de Madame la Dauphine, et devint dame du palais de l’autre dauphine, sa belle-fille, et une des favorites de Mme  de Maintenon. Jolie et vertueuse comme les anges ; une figure de déesse dans les airs ; douce, bonne, d’un bon esprit et dont la bonté lui tenoit lieu d’étendue. Quelqu’un disoit d’elle et de Mme  d’Heudicourt, autre favorite de Mme  de Maintenon, liées dès l’hôtel d’Albret, que c’étoient les deux anges de Mme  de Maintenon, le bon et le mauvais ; et en effet Mme  d’Heudicourt, qui avoit été fort belle et fort galante, et qui étoit tôt devenue hideuse, avoit infiniment d’esprit, et étoit méchante avec la noirceur des démons. Mme  de Dangeau étoit sœur d’une autre abbesse de Thorn, de la comtesse de Waldstein, de la landgrave d’Hesse-Rheinfelds, mère de la reine de Sardaigne, de la duchesse de Bourbon et de la princesse de Sultzbach, qui sera électrice palatine. Elle étoit sœur aussi de la comtesse de Salms, puis de Sevini, de la comtesse de Rosenberg, de la princesse de Nassau-Sieghen, et de la princesse de Lichtenstein, veuve d’un prince de Saxe ; sœur encore du comte de Lœwenstein, fait conseiller d’État de l’Empire, gouverneur du Milanois et prince de l’Empire ; du prince de Mourbach, avec beaucoup d’abbayes en France, et fait par l’Empereur évêque de Tournay, et de plusieurs autres. Leur mère étoit sœur du cardinal de Furstenberg, et leur père étoit la cinquième génération de Louis, fils de Frédéric, puîné de l’électeur Louis le Barbu, administrateur et un peu usurpateur de l’électorat sur son neveu Louis l’Ingénu, qu’il adopta, et épousa une simple demoiselle, Claire de Tetingen, en 1462, dont il eut Louis, tige de Lœwenstein. C’est ce qu’on appelle en Allemagne les mariages de la main gauche, parce qu’il est inégal quoique légitime, et dont les enfants n’ont qu’un léger partage, dont ils prennent