Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/67

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1680 tirer droit. J’attends avec une grande impatience cette décision qui doit faire honneur à toutes vos prophéties. Votre petit frère cherchera à se marier ailleurs. Nous avons eu de grandes terreurs ; Dieu merci, elles sont devenues paniques, et il en sera quitte pour de petits anodins : ce n’étoit rien que ce qu’il avoit ; ce n’étoit qu’un peu de gale, qui étoit le reste de la chaleur de quelques médecines un peu vigoureuses qu’il avoit prises à Paris ; en vérité c’est une grande joie que d’être sorti de cette peine. Vous avez quitté vos bains, ma fille : c’est une chose admirable que le soulagement sûr que vous en recevez pour vos coliques, sans que votre poitrine y trouve rien à redire. Je suis ravie quand je vous vois reprendre le fil de votre repos, et vous bien restaurer ; car le bain affoiblit un peu. Montgobert me fait toujours un fort grand plaisir en me parlant sincèrement et en détail de votre santé : elle m’en paroît si aise, et je la rcconnois si bien là-dessus, qu’en vérité j’ai peine à croire que ce vers de Corneille lui soit bien appliqué

Qu’importe de mon cœur, si je fais mon devoir[1] ?

Elle n’est point démonstrative ; je croirois plutôt qu’elle pourroit dire : « Qu’importe de mon humeur, de mon chagrin, de ma jalousie, si mon cœur fait son devoir ? » J’ai reçu deux de ses lettres à la fois : elle me devoit la suite du bain ; elle me conte les folles lettres que vous écrivîtes tous, l’autre jour, à M. de Coulanges ; cela étoit plaisant. Elle me dit aussi les infinités de trains qui vous arrivent de tous côtés ; il n’y a pas moyen d’imaginer que tout cela puisse coucher sous un même toit ; je crois que vous y aurez encore un supplément de trois beaux-frères :

  1. 2. Sertorius, acte I, scène III. Il y a dans Corneille sais, au lieu de fais.