Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 d’Évreux[1] aussi, par notre Anglois : son remède a fait des merveilles cette année ; M. de Lesdiguières[2] en a été guéri comme par miracle, et mille autres. Je mande au chevalier que je me réjouis d’autant plus de sa santé, que je trouve ce voyage nécessaire pour lui. Je suis persuadée que tout se rangera, aussi bien que vos compagnies de Grignan, qui me paroissent comme dans ce tour de jetons où l’on donne à un roi neuf gardes de chaque côté : on fait sortir quatre gardes, il en a toujours neuf ; on en fait entrer quatre, il en a toujours neuf. Vous voilà justement : tout est plein quand vous n’êtes que vous, tout est logé quand il y en a trois fois autant. Dieu conserve chez vous, ma chère enfant, cette grâce de multiplication si nécessaire aux dépenses excessives et aux revenus bornés !

Je suis étonnée qu’il ne soit point encore question de M. de Vendôme ni d’un intendant ; tout cela viendra tout d’un coup[3]. Ce que je vous mandois de cet échange de la charge de votre frère[4] étoit une pensée de Mme  de la Fayette, lorsque nous songions à nous tirer d’affaire par M. de Louvois ; car il est certain que c’est toujours par quelque changement que l’on entre en propos avec ce ministre ; mais c’est l’extrémité que d’en venir là : il faut essayer premièrement de se défaire de la charge, et consulter nos amis[5]

  1. 6. L’abbé de Grignan.
  2. 7. L’ancien comte de Sault : voyez tome III, p. 40, note 12, et ci-dessus, p. 51, la fin de la note 13. — Il mourut quelques mois après : voyez plus loin la lettre du 26 mai 1681, p. 155.
  3. 8. « Je suis étonnée que vous ne sachiez encore rien de M. de Vendôme ni d’un intendant ; cela viendra tout d’un coup. » (Édition de 1754.) — Sur M. de Vendôme, voyez plus haut, p. 16, note 8 ; sur le nouvel intendant, tome VI, p. 380, note 24, et la fin de la lettre du 6 octobre suivant, p. 100 et 101.
  4. 9. Voyez plus haut, p.35 et 36
  5. 10. Ces derniers mots : « et consulter nos amis, » ne sont pas dans