Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus qu’un cœur et qu’une âme Vichy se repose dans le sein de Bourbon, et se chauffe au coin de son feu, c’est-à- t dire dans les bouillonnements de ses fontaines. Je m’en suis fort bien trouvée, et quand j’ai proposé la douche, on m’a trouvée en si bonne santé, qu’on me l’a refusée • et l’on s’est moqué de mes craintes on les a traitées de visions, et l’on m’a renvoyée comme une personne en parfaite santé. On m’en a tellement assurée, que je l’ai cru, et je me regarde aujourd’hui sur ce pied-là. Ma fille en est ravie, qui m’aime comme vous savez.

Voilà, mon cher cousin, où j’en suis. Votre santé dépendant de la mienne, en voilà une grande provision pour vous. Songez à votre rhume, et comme cela faitesmoi bien porter. Il faut que nous allions ensemble, et que nous ne nous quittions point.

Il y a trois semaines que je suis revenue de Bourbon i notre jolie petite abbaye n’étoit point encore donnée nous y avons été douze jours enfin on vient de la donner à l’ancien évêque de Nîmes, très-saint prélat2. J’en sortis il y a trois jours, toute affligée de dire adieu pour jamais à cette aimable solitude que j’ai tant aimée après avoir pleuré l’abbé, j’ai pleuré l’abbaye.

Je sais que vous m’avez écrit pendant mon voyage de Bourbon’ je ne me suis point amusée aujourd’hui à vous a. Jean-Jacques Seguier de la Verrière, évêque de Nfmes de janvier 1671 à 1687. « Le Roi a donné l’abbaye de Livry, vacante par la mort de l’abbé de Coulanges, à M. Seguier, qui vient de se démettre de l’évêclié de Nîmes. » {Journal de Dangeau, i« novembre 1687.) L’abbé Seguier mourut le 8 novembre 1689, et l’abbaye de Livry fut donnée à l’évêque de Seulis (voyez la lettre du 20 novembre 1689). < Il, avoit, dit Dangeau (tome III, p. ig), deux abbayes, l’une qui s’appelle Lire, qui vaut vingt mille livres de rente, et l’autre, qui est Livry auprès de Paris, ne vaut pas plus de mille écus; mais elle est fort jolie. »

3. Voyez la lettre du i3 septembre précédent, p. g3.

llT. C.

1687

129

J.)~

Mme DE SÉVIGNÉ. vin 1. Q