Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/163

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tant qu’il soit revenu au quinquina, qu’il avoit quitté, et il a déjà commencé à faire son effet. Enfin c’est une chose étrange que la fragilité de nos machines, et la part que prend notre pauvre âme à leurs bonnes ou à leurs mauvaises dispositions. Celle de cette comtesse de Provence, ou plutôt de Pimbêche, est fort agitée du commencement de ses sollicitations. Tous les Grignans sont arrivés de toutes parts pour la seconder. Elle est toujours sensible à votre souvenir et à votre estime elle vous fait mille amitiés, et à ma nièce de Coligny.

Je vous veux dire deux mots, ma chère marquise. Je vois bien que vous enlevez mon cousin pour l’emmener dans vos anciens châteaux[1]. J’y voudrois toujours lire l’histoire de l’amiral et de ces grands personnages, pour admirer leur mérite et leur modestie, en comparaison des magnificences de ce siècle-ci.

Je comprends aisément, mon cousin, l’amitié que vous avez pour votre Chaseu. Il y a des beautés naturelles que vous vendriez bien cher, si on pouvoit les livrer.

M. le duc de Valentinois a épousé Mlle d’Armagnac[2]

  1. 3. Voyez la lettre du 4 août précédent, p. 77.3.
  2. 4. Antoine de Grimaldi, duc de Valentinois, et plus tard prince de Monaco, épousa le 13 juin 1688 Marie de Lorraine, fille du comte d’Armagnac et de Catherine de Neuville Villeroi, née le 12 août 1674, qui mourut le 30 octobre 1724, à l’âge de cinquante et un ans.“ La duchesse de Valentinois, dit Saint-Simon, étoit charmante, galante à l’avenant et sans esprit ni conduite, avec une physionomie fort spirituelle ; elle étoit gâtée par l’amitié de son père et de sa mère, et par les hommages de toute la cour dans une maison jour et nuit ouverte, où les grâces, qui étoient sa principale beauté, attiroient la plus brillante jeunesse. Son mari, avec beaucoup d’esprit, ne se sentoit pas le plus fort; sa taille et sa figure lui avoient acquis le nom de Goliath. Voyez les Mémoires de Saint-Simon, tome I, p. 414 et suivantes: