Enfin voici bien du bruit. Ou va assiéger Philisbourg[1], et, je crois, le prendre ; car puisque Monseigneur le Dauphin va faire cette expédition [2] 7, il faut que le Roi soit assuré d’un heureux succès 8 [3] » mais je ne comprends pas pourquoi Sa Majesté rompt avec l’Empereur par cet acte d’hostilité[4], si ce n’est qu’il prévoie que l’Empereur, s’accommodant avec le Turc, lui va déclarer la guerre, et qu’il veut avoir l’honneur de l’agression. Il y aura bien du sang répandu si cette guerre dure. Pour moi, qui souhaite toujours les avantages du Roi quelque peu de sujet qu’il m’ait donné de le faire, je serai pourtant bien aise de voir des sièges et des combats, car, comme vous savez, les spectateurs sont cruels.
Adieu, ma chère cousine le cousin et la nièce vous embrassent mille fois. Je vous quitte pour dire un mot à notre ami.
A CORBINELLI.
JE ne doute pas que le prince d’Orange n’ait toutes ses pensées tournées du côté de l’Angleterre au moins ,
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,o.
Mme DE Sévigké. VIII r3
- ↑ 6. Les troupes françaises se mirent en mouvement le 3o septembre, « Quatre-vingt mille hommes commandés par le Dauphin, prince de vingt-sept ans, que le Roi tenait dans une étroite dépendance, se portèrent contre Philippsbourg Vauban dirigea le siège, et la ville, après un mois de résistance, fut forcée de se rendre (3o octobre). De là ou s’empara de Manheim, Creutznach, Worms, Spire, Trêves, Mayence, Heidelberg, Heilbronn, etc.; en moins de deux mois les trois électorats ecclésiastiques et le Palatinat furent conquis, » (M. Lavallée, Histoire des Français, tome III, p. 317.)
- ↑ 7. Le Dauphin était parti de Versailles le 25 septembre; il arriva au camp devant Philisbourg le 6 octobre. Voyez la Gazette des 2 et 16 octobre.
- ↑ 8. Toute la fin de l’alinéa, à partir des mots mais je ne comprends pas, » a été omise dans l’édition de 1697 dans le manuscrit elle a été biffée et remplacée en interligne, d’une autre main, par « je m’en fie bien à lui,
- ↑ 9. Le public ignorait encore la ligue d’Augsbourg.
