Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/264

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n’est pas tout fait sur votre compte; car j’aime et estime les bonnes et solides qualités. M. de Montgivraut[1] m’a mandé qu’il vous avoit trouvée belle comme le jour : j’ai peur que vous ne soyez pas si sensible à ce que je vous dis là qu’à la gloire de Monsieur votre fils ; cela est quelquefois bien joli d’être mère, mais ce n’est qu’à la fin des sièges. N’oubliez point que je vous honore beaucoup, Madame, je vous en supplie.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

Voila une jolie femme, et qui ne se peut taire de ce maillot, ni de sa mère ; mais c’est une mode que de vous louer. Adieu, ma très-aimable.

DE MADAME DE COULANGES AU COMTE DE GRIGNAN. NE prendriez-vous point aussi quelque intérêt à M. le marquis de Grignan, Monsieur ? En cas que cela soit ainsi, permettez-moi de vous dire la joie que j’ai de son bonheur et de sa gloire il n’y auroit pas moyen de se réjouir de l’un sans l’autre.

  1. 15. Peut-être le chevalier de Montgivrault, qui mourut en 1708, dont Saint-Simon parle en ces termes (tome VI, p. 253) « On l’appeloit le chevalier de Montgivrault. M. de Louvois l'avoit scandaleusement chassé du service, où il étoit ingénieur dans la première guerre de Flandre en 1667, où il avoit acquis beaucoup de bien. Malgré cette aventure et une réputation peu nette, il sut devenir une espèce d’important, à force d’esprit, de galanterie, de commodité pour autrui et d’excellente chère. Il se fit ainsi beaucoup d’amis considérables à la cour et à la ville. Il avoit acquis par là de la considération, et il avoit eu l’art de s’ériger chez lui un petit tribunal où beaucoup de gens étoient fort aises d’être reçus. Il avoit acheté Çourcelles auprès du Mans, qui a été depuis la retraite de Chamillart, qui l’acheta, où Montgivrault dépensa beaucoup, et où j’ai admiré sa folie d’avoir mis ses armes jusque sur toutes les portes, les cheminées et les plafonds. Il n’avoit jamais été marié et laissa un gros bien. »