Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/273

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ne respire plus que d’être uni à Dieu; sa paix, sa résignation, sa douceur, son détachement, sont au delà de tout ce que l’on voit aussi ne sont-ce pas des sentiments humains. Le secours qu’il a de son curé et du P. Morel[1], qui sont ses directeurs, ses amis, ses gardes et ses médecins, n’est pas une chose ordinaire, c’est un avant-goût de la félicité. Du Chesne[2] est son médecin : c’est un homme admirable ; point de tourment, point de remèdes : « Monsieur, tâchez de vous humecter, et prenez patience. » Une chambre sans bruit, sans trouble, sans aucune mauvaise odeur; point de fièvre, qu’intérieure et imperceptible ; une tête libre, un grand silence, à cause de la fluxion qui est sur la poitrine, de bons et solides discours, point de bagatelles : enfin c’est ce qu’on n’a jamais vu[3] Ce pauvre malade se trouve indigne de mourir à la même place où est morte Mme de Longueville[4]. Je contai tout cela à Tréville [5], qui étoit chez Mme de la Fayette; il me répondit « Voilà comme l’on meurt en ce quartier-là. » Du Chesne ne croit point que cela finisse sitôt. Mon Dieu, ma fille, que vous seriez touchée de ce saint spectacle je ne dis pas d’affliction, mais de consolation et d’envie. Il m’a dit beaucoup d’amitiés, et à vous, sur ce petit mar-





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  1. 8. « Le secours qu’il trouve dans le P. Morel et dans son curé. » (Édition de 1754.) Ici comme plus haut, les deux éditions de Perrin donnent Moret, au lieu de Morel.
  2. 9. Voyez tome IV, p. 323, note 13 (où il faut lire à la première ligne: en 1693, au lieu de : en 1694), et tome VI, p. 14, note 11.
  3. 10. « Cela est divin, c’est ce qu’on n’a jamais vu. » (Édition de I754.)
  4. 11. Dans une grande maison attenant les Carmélites du faul)ourg Saint-Jacques, qu’occupait Mme de Longueville, et où tout le monde sait qu’elle fit une mort très-clirétienne, le I5 avril 1679, après une pénitence de vingt-sept ans. Voyez la lettre du 12 avril 1680, tonie VI, p. 352, et le Nécrologe de Port-Royal des Champs, p. 156 et suivantes. (Note de Perrin.)
  5. 12. Voyez tome II, p. 106, note 9.