Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/320

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DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

Madame de Meckelbourg la première, et moi ensuite, nous ne pouvons souffrir ce changement. C’est une fantaisie de son frère. Il faudra donc dire des cerises d’Enghien, au lieu des cerises de Montmorency ? une bonne nourrice de la vallée d’Enghien? Je ne m’y saurois accoutumer, mon cousin.

J’ai vu quelquefois notre ami M. Jeannin ; il me paroît soulagé, et sa belle-fille aussi, de n’avoir plus ce fou[1] à garder. J’ai vu ma nièce de Montataire; il me semble qu’il y a bien des créanciers à débeller[2] avant que vous puissiez profiter de la succession ce qui est de réel, c’est un commencement de subsistance peur vos enfants. Vous seriez trop heureux, mon cher cousin, si vous aviez en ce monde-ci tout le bonheur que je vous y souhaite ; mais c’est le moyen d’en avoir dans l’autre que d’en être privé en celui-ci. Si vous voyez notre prélat[3], faites-lui bien des compliments pour moi. Je vous embrasse, vous et ma nièce.

IIO2. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, vendredi 10e décembre.

JE ne réponds à rien aujourd’hui ; car vos lettres ne

  1. 19. Gaspard-Jeannin de Castille, marquis de Montjeu, fils unique de Jeannin. Voyez tome IV, p. 458, note 19, et la Correspondance de Bussy, tome V, p. 70.
  2. 11. Débeller c’est-à-dire vaincre, est un mot de la vieille langue, qui est formé du latin debellare, et que nous avons déjà vu au tome II, p. tao. Malherbe l’a employé dans sa traduction des Épitres de Sénèque voyez le tome II de l’édition de M. Lalanne, p. 424.
  3. 12. L’évêque d’Autun.