Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/323

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mie, et de lui ôter un air de grand seigneur, de qu’importe ? d’ignorance et d’indifférence, qui conduit fort droit à toutes sortes d’injustices, et enfin "à l’hôpital. Voyez s’il y a une obligation pareille celle d’élever votre fils dans ces principes. Pour moi, j’en suis charmée, et trouve bien plus de noblesse à cette éducation qu’aux autres. Monsieur le chevalier a un peu de goutte. Il ira demain, s’il peut, à Versailles ; il vous rendra compte de vos affaires. Vous savez présentement que vous êtes chevaliers de l’ordre : c’est une fort belle et agréable chose au milieu de votre province, dans le service actuel ; et cela siéra fort bien à la belle taille de M. de Grignan ; au moins n’y aura-t-il personne qui lui dispute en Provence, car il ne sera pas envié de Monsieur son oncle [1] cela ne sort point de la famille.

Là Fayette vient de sortir d’ici ; il a causé une heure d’un des amis de mon petit marquis : il en a conté de si grands ridicules, que le chevalier se croit obligé d’en parler son père, qui est son ami. Il a fort remercié la Fayette de cet avis, parce qu’en effet il n’y a rien de si important que d’être en bonne compagnie, et que souvent, sans être ridicule, on est ridiculisé par ceux avec qui on se trouve : soyez en repos là-dessus le chevalier y donnera bon ordre. Je serai bien fâchée s’il ne peut pas dimanche présenter son neveu ; cette goutte est un étrange rabat-joie. Au reste, ma fille, pensiez-vous que Pauline dût être parfaite ? Elle n’est pas douce dans sa chambre il y a bien des gens fort aimés, fort estimés, qui ont eu de défaut ; je crois qu’il vous sera aisé de l’en corriger ; mais gardez-vous surtout de vous accou

  1. 4. Monsieur l’archevêque d’Arles étoit commandeur des ordres du Roi (de la promotion du Ier janvier 1662.) (Note de Perrin.) A la fin de la phrase, dans la plus petite des deux éditions de 1754, « de sa famille. »