Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/36

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1687 d’une couleur sombre, et au-dessous une petite lampe qui fait dix mille petites étoiles. J’en oublie la moitié ; mais vous aurez le livre[1], qui vous instruira de tout en détail. Si je n’avois point eu peur qu’on ne vous l’eût envoyé, je l’aurois joint à cette lettre ; mais ce duplicata ne vous auroit pas fait plaisir.

Tout le monde a été voir cette pompeuse décoration. Elle coûte cent mille francs à Monsieur le Prince d’aujourd’hui ; mais cette dépense lui fait bien de l’honneur. C’est Monsieur de Meaux qui a fait l’oraison funèbre : nous la verrons imprimée[2]. Voilà, mon cher cousin, fort grossièrement le sujet de la pièce. Si j’avois osé hasarder de vous faire payer un double port, vous seriez plus content. Nous revoilà donc encore dans la tristesse. Mais pour vous soutenir un peu, je m’en vais passer à une autre extrémité c’est-à-dire de la mort à un mariage, et de l’excès de la cérémonie à l’excès de la familiarité, l’un et l’autre étant aussi originaux qu’il est possible. C’est du fils du duc de Gramont, âgé de quinze ans, et de la fille de M. de Noailles dont je veux parler. On les marie ce soir[3] à Versailles. Voici comment : personne

    triomphes qu’il avait obtenus en combattant contre son Roi. (Note de l’édition de 1818.) — La devise latine (de quatre mots) est Lateant quæ sine sole, et dans la Relation dont parle la note suivante, elle est traduite ainsi, moins exactement que par Mme de Sévigné : « Loin du soleil ce ne sont que ténèbres. »

  1. 4. La description de cette cérémonie fut publiée sous ce titre : Les Honneurs funèbres rendus à la mémoire de très-haut, très-puissant, très-illustre et très-magnanime prince Monseigneur Louis de Bourbon, Prince de Condé et premier prince du sang de France, dans l’église métropolitaine de Notre-Dame de Paris. À Paris, chez Estienne Michallet, 1687, in-4o. — Le permis d’imprimer est du 20 février 1687.
  2. 5. Elle parut en 1687, chez Sébastien Mabre-Cramoisy, in-4o.
  3. 6. Il faut ou que le mariage ait été remis du 10 au 12, ou que la lettre soit mal datée. On lit dans le Journal de Dangeau, tome II, p. 33 : « La nuit du 12 au 13 mars, le comte de Guiche épousa Mlle de